Technologies sous-marines et environnement côtier : renforcement de la coopération franco-allemande

Paris, le 28 juin 2006

Cinq ans après la signature du premier accord de coopération entre les deux instituts, Jörn Thiede, Directeur de l'AWI, et Jean-Yves Perrot, Président-directeur général de l'Ifremer signent, le mercredi 28 juin, en présence de François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, deux nouveaux accords de coopération. Aux termes de ces accords, l'AWI et l'Ifremer s'engagent à créer un Groupement de Recherche européen en technologies sous-marines et à ouvrir une nouvelle thématique de recherche partagée, l'environnement côtier.
 
Née d'une volonté politique forte exprimée dès le Traité de l'Elysée de 1963, cette collaboration s'est construite autour des liens qu'entretiennent les scientifiques des deux instituts de recherche, et a été encouragée lors du Forum de Potsdam de 2005. En témoignent les campagnes scientifiques françaises menées à bord de navires allemands, ou allemandes à bord de navires français. L'Ifremer et l'AWI ont aussi collaboré à la réalisation du module de cartographie de très haute résolution de l'engin sous-marin télé-opéré (ou ROV) Victor 6000, associant micro-bathymétrie acoustique et cartographie optique et favorisé la mutualisation et le co-financement de modules instrumentaux pour les ROV et les engins autonomes de type AUV.
Un Département virtuel de technologies sous-marines
La collaboration a permis aux deux instituts d'identifier des objectifs communs en matière de technologie sous-marine. L'AWI et l'Ifremer ont donc décidé de créer, sous forme d'un Groupement de Recherche européen (GDRE), un département franco-allemand de technologies sous-marines. Ce GDRE sera principalement centré sur deux projets majeurs :
- Développement, en commun, d'un ROV 4000, baptisé Victoria, en raison de ses nombreuses similitudes avec le Victor 6000 de l'Ifremer
- Développement de charges utiles compatibles, destinées à être installées sur les engins autonomes de type AUV (de l'Ifremer ou de l'AWI) ainsi que sur les engins télé-opérés de type ROV. L'une des premières charges utiles qui sera développée, le système ICASP, permettra d'effectuer des analyses chimiques et des échantillonnages in situ.
Une convention de coopération bilatérale Ifremer- AWI élargie à l'environnement côtier
Ce même jour, l'AWI et l'Ifremer renouvelleront leur accord de coopération bilatérale pour une durée de 5 ans. Cet accord prévoit la poursuite et le développement des actions engagées en termes d'archivage et de traitement des données océanographiques, de gestion et d'inter-opérabilité des flottes (navires et équipements), de mobilité de jeunes chercheurs (doctorants et post-doctorants), de valorisation et de transfert des connaissances, et d'évaluation scientifique par la promotion de procédures communes et l'échange d'évaluateurs.
Cet accord prévoit aussi, pour la première fois, la collaboration entre les deux instituts autour d'une nouvelle thématique de recherche, l'environnement côtier, plus particulièrement pour l'observation, la description et la modélisation des chaînes trophiques. Les scientifiques s'attacheront à étudier :
- Les effets des pressions anthropiques sur le fonctionnement et les modifications de l'écosystème ;
- La détection et prévision des efflorescences d'algues toxiques ( Harmful Algal Blooms ou HAB) ;
- La variabilité de l'écosystème : utilisation de séries de données historiques pour déterminer les indicateurs représentatifs de cette variabilité ;
- La description des interactions dans les chaînes trophiques : approche méthodologique ;
- La réponse des individus et des populations aux effets des contaminants ;
- La description des habitats en zones côtières.
Deux enjeux majeurs de l'océanographie moderne
 L'Europe, et plus particulièrement la France - grâce au CNEXO, aujourd'hui Ifremer - ont su, par le passé, se hisser au rang des grandes nations avec la réalisation du Nautile et du ROV Victor 6000. Aujourd'hui, les avancées dans ce domaine visent à mettre au point des engins optimisés équipés d'instruments de mesure toujours plus précis, et inter-opérables entre les navires océanographiques. L'étude des environnements côtiers est une thématique émergente, du fait d'une pression anthropique toujours plus forte (pollutions, urbanisation, artificialisation). La Directive Cadre sur l'Eau fixe des objectifs clairs en matière de surveillance, de préservation, et de restauration de la qualité des eaux et des peuplements. L'Ifremer dispose d'une expertise reconnue grâce à sa connaissance du milieu marin et de sa participation depuis près de 30 ans à la collecte des données sur la qualité de l'environnement dans le cadre des missions de surveillance exercées par trois réseaux nationaux.
Pour François Goulard, ministre délégué à l'enseignement supérieur et à la recherche, "la parfaite complémentarité des recherches et approches des deux instituts, a permis ainsi une coopération bilatérale renforcée, préfigurant peut-être à terme un institut européen d'océanographie et de recherche marine".
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L'AWI - Institut Alfred Wegener pour le recherche polaire et marine
Fondation publique (1980), l'AWI est l'un des quinze centres de recherche de l'Association Hermann von Helmholtz (HGF) financés majoritairement par le budget fédéral. Il compte 780 agents et dispose d'un budget annuel de 110 millions d'euros, assuré à 90 % par le Ministère fédéral de l'Education et de la Recherche et à 10 % par les trois régions ou Länder (Brême : 8 %, Brandebourg : 1 %, Schleswig-Holstein : 1 %) où il dispose d'installations. Son implantation principale est située à Bremerhaven, lui sont rattachés un institut de biologie sur l'île d'Heligoland, une station sur l'île de Sylt en mer de Wadden (écologie côtière) et une unité de recherche à Potsdam (géosciences, circulation atmosphérique).
Ses activités portent sur les recherches polaires et marines, principalement dans les océans Arctique et Antarctique mais aussi aux latitudes tempérées (recherches en mer du Nord, contribution à la biologie et à la surveillance de la pollution marine, biodiversité, développements technologiques). L'AWI coordonne la recherche polaire en Allemagne et fournit les équipements et la logistique nécessaires aux expéditions polaires ainsi qu'à la recherche dans les grands fonds marins.
L'AWI opère 3 navires de recherche : Polarstern (plus grand navire de recherche européen avec ses 118 m), Heincke (55 m), Uthörn (navire côtier) et un AUV ( PAUL) ainsi que 2 avions de reconnaissance ; il gère les deux stations de recherche allemandes habitées (Arctique et Antarctique) en liaison avec l'IPEV français.
Site Internet
L'Ifremer
Institut français de recherche océanologique, l'Ifremer conçoit, développe et met en œuvre des moyens d'observation, d'étude et de surveillance des milieux marins, des zones littorales jusqu'aux grands fonds. Par leurs travaux, les scientifiques et les ingénieurs de l'Ifremer contribuent à améliorer la connaissance des mers et des océans comme des espèces qui les peuplent, afin de favoriser les conditions du développement durable des différents secteurs économiques liés à la mer.
L'Ifremer emploie 1700 personnes, dispose d'un budget de 150 millions d'euros, de 7 navires scientifiques, d'un submersible habité ( Nautile), d'un engin télé-opéré pour grande profondeur ( Victor 6000) et d'un ensemble de moyens d'essais.
Site Internet
 
L'AWI et l'Ifremer collaborent également dans un grand nombre de projets européens, notamment dans le cadre du 6ème PCRD : MERSEA, HERMES, MARBEF, EXOCET/D, MARINE GENOMICS, EUROCEANS, CARBO-OCEAN, SEADATANET, ESONET.