L'Ifremer présente le panorama de l'économie maritime française

Paris, le 14 juin 2006

Paris, le 14 juin 2006

A l'heure où la Commission européenne a engagé une réflexion globale sur la politique maritime, qui trouve son expression dans la toute récente parution du Livre vert, les Données Economiques Maritimes Françaises (DEMF) 2005 dressent un bilan de l'économie maritime française. Cette étude met en évidence, dans un contexte marqué par un ralentissement occidental et une croissance asiatique, l'évolution récente des différents secteurs d'activité maritime.
Il présente pour chacun de ces secteurs, leur situation actuelle en termes de valeur ajoutée et d'emploi, leur évolution récente et leurs perspectives.
Publiée tous les deux ans , la série des DEMF a été lancée en 1997. Préparée en 2005, cette dernière édition complète le panorama de l'économie maritime sur la période 2001-2003, la précédente édition datant de 2003. Des informations substantielles, mais encore incomplètes, sont fournies pour 2004, d'autres enfin plus partielles pour 2005.

Pour permettre de suivre les évolutions, les DEMF 2005 conservent la structure adoptée pour les éditions antérieures. L'ouvrage décrit les secteurs privé (exploitation des ressources marines, industrie manufacturière, services énergétiques, touristiques, financiers, transport maritime notamment) et public (Marine nationale, intervention de l'Etat en mer, enseignement, protection de l'environnement, recherche scientifique).
Au fil des éditions, le contexte international, et plus particulièrement européen, occupe une place de plus en plus conséquente.

Résultats marquants

- Une croissance limitée en valeur ajoutée, plus soutenue en termes d'emploi

En 2003, l'économie maritime française a représenté une valeur ajoutée de 18,9 milliards d'euros et un effectif de 500 000 emplois équivalents temps plein.
Depuis 2001, elle a connu une croissance modeste en valeur ajoutée, mais l'emploi enregistre une réelle augmentation (+ 13%). Entre 2001 et 2003, la croissance de l'économie maritime nationale est en effet estimée à environ 5,3%, tandis que celle du PIB français en prix courants a été de 6,4%. L'économie maritime s'est donc développée à un rythme légèrement inférieur à celui de l'économie nationale sur la période récente.

Cette tendance générale masque cependant des disparités sectorielles : le "tourisme littoral" et la "transformation des produits de la mer" enregistrent une réelle croissance quand le secteur "construction et réparation navale" affiche des résultats faiblement négatifs.

- Dépendante du contexte international

Indépendamment des facteurs internes aux entreprises et aux branches, qui peuvent expliquer ces résultats, il est important de rappeler que cette période a été marquée au niveau international par un ralentissement du rythme des échanges mondiaux, et plus particulièrement par un fléchissement de la croissance des pays occidentaux, tandis que la croissance asiatique, Japon excepté, n'a pas connu de pause.
Ce contexte a affecté les investissements des entreprises comme la consommation des ménages. Dans ce cadre, des postes aussi différents que les dépenses d'exploration-production d'hydrocarbures et la consommation de loisirs ont été concernés. L'économie maritime française, fortement exportatrice, a été touchée par ce ralentissement, d'autant plus que ses exportations sont majoritairement européennes.
- Une économie fortement dépendante de la consommation de loisirs

Avec un tourisme littoral qui représente près de la moitié de la production et de l'emploi et qui se développe aussi sur le créneau des croisières, avec une construction nautique forte et une construction navale spécialisée sur les paquebots de croisière, la consommation de loisirs forme une composante importante de l'économie maritime française, qui la distingue de ses homologues européennes.
- Le tourisme littoral, près de 50% de l'économie maritime française

Le tourisme littoral représente 47% de l'économie maritime en termes de valeur ajoutée et d'emploi. Sensible au revenu des ménages et à une clientèle majoritairement française et européenne, il a connu une croissance modeste de 2000 à 2003, une reprise se dessinant depuis 2004.
Cinq secteurs, à peu près équivalents par l'importance de la production, se partagent le reste de l'économie : les produits de la mer, le transport maritime, la construction et la réparation navale et nautique, le parapétrolier offshore, le secteur public (dont l'essentiel des effectifs est dû à la Marine nationale). Fort d'une productivité du travail élevée, le parapétrolier offshore pèse nettement moins que les quatre autres secteurs en matière d'emplois avec environ 5% des effectifs totaux. Les effectifs du transport maritime, branche en croissance soutenue, constituent le deuxième poste d'emplois maritime avec environ 13,5% du total. Chacun des autres secteurs emploie autour de 10% des effectifs.

- Zoom sur...
 
- la construction nautique
 Dépendant directement de la consommation de loisirs, elle a subi le ralentissement de la demande occidentale en 2001-2003. Exportant plus de 60% de sa production et visant une clientèle européenne pour 85 à 90% de ses débouchés extérieurs, elle a néanmoins poursuivi sa croissance (supérieure à celle du PIB en 2003), mais à un rythme plus modéré. Après le bond réalisé par les exportations de 1997 à 2001 avec une croissance annuelle de 20 à 30%, celle-ci a ensuite accusé un ralentissement, les ventes exportées ayant même baissé en 2003. Une accélération des ventes semble perceptible à partir de 2004. L'enjeu de croissance est maintenant lié à l'effort accru des entreprises sur le segment des bateaux à moteur.
- la construction navale
 Le caractère cyclique de cette activité s'explique par l'influence déterminante des commandes de paquebots donc du marché de la croisière. L'atonie de ce marché sur la période 2001-2003 a eu des répercussions sur les investissements en paquebots. Inversement, les marchés des navires standards (porte-conteneurs, vraquiers, pétroliers) et des méthaniers - marchés où la part des chantiers français est faible - ont été dynamiques, tirés par la croissance des échanges, notamment avec l'Asie. Le fléchissement prononcé de la production française n'a pris fin qu'à partir de 2004-2005, période de reprise des investissements des croisiéristes.
- l'offshore
Ce secteur est évidemment sensible à la conjoncture énergétique, et ses marchés sont mondiaux. Les investissements d'exploration-production d'hydrocarbures n'ont pas connu, en 2001-2003, le rythme des années antérieures. Cependant, l'inflexion a varié selon les années et les régions du monde dans un contexte de prix modérés. Ainsi, globalement, les investissements ont augmenté de près de 13% en 2001, baissé de 4% en 2002, puis augmenté d'environ 5% en 2003. Par régions, les contrastes ont aussi été notables. En Amérique du Nord, les projets gaziers, potentiellement très importants, ont été prioritaires en 2003, tandis que l'Amérique latine connaissait un manque d'activité pétrolière et un besoin de financements étrangers. Si, en mer du Nord, les gisements arrivaient à maturité, la Russie se positionnait comme deuxième producteur mondial de pétrole, ce renforcement allant de pair avec l'optimisme affiché par plusieurs pays d'Asie centrale. Au Proche-Orient, le conflit irakien a été facteur de forte incertitude, mais l'Arabie Saoudite a annoncé en 2003 le lancement de projets gaziers.
- le transport maritime
 Il est diversifié dans ses métiers et l'international y intervient à des degrés différents. Sa partie la plus internationalisée s'adapte à l'importance croissante de la conteneurisation et à la montée de l'Asie dans les échanges internationaux. Au plan international, la période 2000-2003 a été marquée par la forte croissance de fin de cycle en 2000, un ralentissement de la demande de transport maritime en 2001 (baisse des taux de fret), une stabilisation en 2002, puis une reprise en 2003. Dans cette situation fluctuante, les armements français ont enregistré des résultats régulièrement positifs. Les ports maritimes combinent les services aux entreprises et aux particuliers. Leur évolution a été influencée par le développement de la conteneurisation sur la période récente.
Concernant les autres branches de l'économie maritime, deux évolutions récentes sont à noter :
- une faible évolution des tonnages et de l'effet prix pour la pêche maritime, mais une forte croissance de la branche de la transformation des produits de la mer ;
- une faible activité de la filière des câbles sous-marins, qui demeure majoritairement un marché de maintenance à l'échelle mondiale, malgré quelques nouveaux investissements de modernisation.
La méthode
 
Pour permettre des comparaisons inter-annuelles, il est indispensable de maintenir la même méthode et les mêmes séries de données, pour chaque publication. Cet objectif doit toutefois se concilier avec l'évolution de la qualité de nos sources et des méthodes d'acquisition des données primaires.
Les DEMF sont construites sur la base de plusieurs sources :
- Statistiques ministérielles : INSEE ; Équipement ; Transports et Mer ; Agriculture et Pêche ; Industrie ; Défense ; Écologie.
- Organismes publics : Ifremer, Ofimer, Institut français du pétrole, Institut français de l'environnement, agences de l'eau, organismes de recherche marine (INSU, INRA, IRD, IPEV, Météo France).
- Entreprises, associations professionnelles.
- Eurostat.
Le Département d'économie maritime restitue les données ministérielles ou professionnelles par secteur : pêche, construction navale, marine marchande, établissements portuaires, etc.
Lorsque les données de branche sont incomplètes ou qu'elles se rapportent à des secteurs plus larges, non nécessairement maritimes, des estimations d'emplois ou de valeur ajoutée (extraction de matériaux marins, tourisme, parapétrolier offshore, assurances maritimes) sont effectuées.
Peu de changements de méthode ont été réalisés pour cette nouvelle édition. Les changements intervenus reflètent principalement des évolutions méthodologiques réalisées par les sources.
- changement de méthode comptable au niveau des sources utilisées :
- valeur ajoutée de la construction navale de défense (changement de statut de la DCN),
- série de la production annuelle des assurances par l'INSEE,
- évaluation des dépenses de personnel dans le secteur public ;
- périmètre élargi et plus précis pour les activités portuaires et restreint pour les travaux publics maritimes ;
- changement de source statistique : transformation des produits de la mer (source ministérielle et non plus source d'enquête Ifremer).
L'Ifremer, au service de l'économie maritime
 
Institut national de recherche océanologique, l'Ifremer conçoit, développe et met en œuvre des moyens d'observation, d'étude et de surveillance des milieux marins, des zones littorales jusqu'aux grands fonds. Par leurs travaux, les scientifiques et les ingénieurs de l'Ifremer contribuent à améliorer la connaissance des mers et des océans, afin de favoriser les conditions du développement durable des différents secteurs économiques liés à la mer.
L'Ifremer est à la fois observateur et acteur de l'économie maritime française. Ces Données économiques maritimes françaises participent de cette double exigence et ce bilan contribue à éclairer la phase de réflexion engagée à l'échelon national et européen en matière de politique maritime.
Les DEMF 2005 confirment l'importance du tourisme littoral dans l'économie maritime française. Depuis sa création, l'Ifremer s'est vu confier par ses tutelles, l'observation et la surveillance des mers côtières. L'expertise de l'Ifremer s'exerce dans différents domaines : la microbiologie sanitaire, le phytoplancton et les phycotoxines, la qualité générale du milieu et son état d'enrichissement et d'eutrophisation, la contamination chimique par les polluants et ses effets sur le milieu vivant. L'ensemble de ces données constitue autant d'outils essentiels à la gestion durable de ces zones que pour la recherche. En outre, le développement récent de programmes consacrés à la gestion intégrée des zones côtières permettra d'élaborer de nouveaux outils propres à inscrire la réussite de l'économie maritime française dans un objectif de développement durable.
Le poids économique des filières des produits de la mer en France ne se dément pas. Au service de ce secteur, l'objectif de l'Ifremer est de développer une connaissance toujours plus fine de l'état de la ressource, grâce notamment aux derniers travaux de recherche en matière de gestion écosystémique des pêches, la mise au point de procédés de transformation et de valorisation des produits de la mer tant pour les secteurs agroalimentaire que médical. Dans ces domaines, comme en aquaculture, l'ensemble des activités de l'Ifremer vise à accompagner le développement d'activités économiques dans le respect des ressources et des milieux naturels.
Enfin, si le parapétrolier offshore, la construction nautique et la construction de paquebots en France maintiennent leur compétitivité dans une conjoncture mondiale incertaine, ils le doivent à leur capacité d'innovation et aux techniques de pointe qu'ils ont su mobiliser au service de leurs stratégies. Dans ce cadre, la coopération entre industrie et organismes de recherche apparaît essentielle. C'est le sens notamment du partenariat stratégique engagé par l'Ifremer depuis plusieurs années avec Total, et plus généralement des liens de l'Ifremer avec les entreprises.
La forte implication de l'Ifremer dans le pôle de compétitivité "Mer", comme le label Institut Carnot obtenu tout récemment, témoigne de sa vocation d'institut de recherche finalisée.
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"Les Données économiques maritimes françaises - Edition 2005" est un ouvrage publié aux Editions Ifremer, à paraître le 30 juin en version française et anglaise,
Prix de vente 22 euros,
à commander à :
INRA Editions
RD 10
78026 Versailles Cedex
Tél. : 01 30 83 34 06
Fax : 01 30 83 34 49