Les sciences marines au cœur du G7 des parlementaires
L’Ifremer et l’UBO (Université Bretagne Occidentale) ont accueilli le G7 des parlementaires ce matin. Au menu : la préservation et la gouvernance des mers et des océans.
Comme chaque année en parallèle du G7 des chefs d’états se tient le G7 des parlementaires. Cette réunion vise à faciliter les réflexions et échanges entre les Présidents d’Assemblée de tous les Pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Royaume-Uni et Japon) autour d’une thématique de travail donnée. Pour cette édition 2019, c’est le thème des enjeux maritimes qui a été retenu : ce que nous offre la mer, la protection des océans et la lutte contre la pollution, l'impact climatique sur la mer et les océans et les enjeux de droit et de régulation. Cette couleur très maritime de l’événement explique le choix de Brest dont la construction est intimement liée à son histoire maritime. Aux côtés de la base militaire qui constitue son socle, le littoral brestois et finistérien réunit un important nombre d’acteurs dont l’atout majeur réside dans la largeur du spectre de leurs capacités d’expertise, de diagnostic et d’intervention sur les enjeux liés à la mer. Cette concentration organisée des savoirs, des compétences et des utilisateurs est unique en France et fait du territoire brestois la première communauté française dédiée à la connaissance des océans et des littoraux et à la valorisation des ressources marines.
Les 7 délégations nationales ont d’abord été accueillies, au milieu de la matinée, à la bibliothèque La Pérouse de l’IUEM (Institut Européen de la Mer) par Matthieu GALLOU, président de l’Université de Bretagne Occidentale qui a souligné que « le projet de l’UBO est de se situer à la pointe de la recherche marine et littorale, d’une recherche orientée sur les défis considérables qui guettent l’ensemble de l’humanité, et en particulier ceux liés aux changements climatiques en cours et à venir ».
Après les présentations de l’IUEM et du Campus Mondial de la Mer, les président·e·s et leurs délégations ont pu découvrir les travaux de recherche phares en lien avec leurs thématiques de travail de l’après-midi exposés par les chercheur·e·s eux-mêmes.
Ika PAUL-PONT, chercheure à I’IUEM (CNRS, médaille de bronze CNRS 2019) en écotoxicologie marine, spécialisée sur les risques liés aux microplastiques dans les écosystèmes côtiers, a présenté ses travaux de recherche sur les micro-plastiques dans les océans : que deviennent les micro-débris plastiques, quel est leur degré de toxicité et quels sont leurs effets sur les organismes marins : une information essentielle pour encourager les décisionnaires à mettre en œuvre des actions concrètes.
Stefan V. LALONDE, chercheur à l’IUEM (CNRS, prix Houtermans 2019), s’intéresse à l’évolution du climat. Il a expliqué comment l’étude des sédiments marins anciens nous renseigne sur l’évolution de la composition des océans et de l’atmosphère sur des milliards d’années et le passage d’un environnement inhospitalier vers le milieu clément que l’on connaît aujourd'hui. Une mise en perspectives des liens entre l’évolution du climat et le cycle du carbone à l’échelle planétaire, et l’importance d’une approche pluridisciplinaire touchant la chimie, la biologie, l’océanographie, et les sciences de la Terre et de l'univers, pour mieux comprendre la diversité des réactions de ce système couplé face à des perturbations extrêmes, telle l’influence des humains.
Enfin, sur le sujet de gouvernance des océans, Denis BAILLY, enseignant chercheur à l’IUEM, a rappelé l'importance de l'océan pour l'humanité et les enjeux en matière de climat, biodiversité, risques et développement. Après une actualité de la question de l'océan dans les négociations internationales sur la protection de la mer, il a exposé les enjeux majeurs de la transition écologique et énergétique (transport maritime, aires marines protégées, énergies marines renouvelables), l'importance de la coopération internationale dans la gouvernance des océans et le développement des politiques de gestion écosystémique du milieu marin et de planification de l'espace maritime. Il est ensuite revenu sur les engagements de l'Union Européenne en matière de volonté d'agir pour renforcer la gouvernance internationale dans le cadre du multilatéralisme, et a insisté sur le besoin de développer la connaissance par l'observation et la recherche, et de développer les interfaces science-politique, pour une action publique plus efficace.
La visite s’est poursuivie à l’Ifremer qui avait été sollicité pour présenter certaines de ses activités de recherche en lien avec les thématiques traitées. François HOULLIER, PDG de l’Ifremer, a accueilli en fin de matinée les Présidentes et Présidents et leurs délégations, soit une centaine de personnes. « L’appel de l’océan voulu par le président Emmanuel Macron lors du G7 à Biarritz est aussi un appel à la science, à la connaissance, à l’exploration, à la recherche et à l’innovation », a souligné François HOULLIER en préambule.
Les visiteurs ont assisté à une démonstration d’essais de convertisseurs d’énergies dans le bassin d’essai de l’Ifremer à Plouzané, une structure unique en Europe par sa taille, sa profondeur et son alimentation par de l’eau de mer.
Les participants ont écouté ensuite un exposé sur l’observation des océans dans le changement global, préalable pour mieux en comprendre et prédire les évolutions. Cet exposé a été illustré par un focus sur le réseau mondial des flotteurs Argo, qui mesurent en continu la température, la salinité et l’acidité des océans, réseau dont l’Ifremer coordonne le volet européen.
Outil essentiel de l’exploration des océans, la Flotte océanographique française, opérée par l’Ifremer au bénéfice de la communauté scientifique française, a également été mise en lumière.
Puis les parlementaires ont effectué une plongée virtuelle dans les abysses, sur une cheminée hydrothermale, grâce au film de réalité déportée réalisé par les équipes d’Ifremer et la société Pix-Factory.
Le laboratoire biopharmaceutique Hemarina a ensuite été invité à montrer les perspectives d’applications thérapeutiques dans le domaine marin, avec l’exemple de l’utilisation de l’hémoglobine du ver marin Arenicola marina.
Enfin, les enjeux liés à la gestion des ressources biologiques vivantes ont été illustrés par le suivi du bar européen.
Objectif de cette visite : servir la réflexion du G7 qui nourrira ensuite l’agenda de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030). Cette initiative vise à mobiliser la communauté scientifique, les décideurs politiques, les entreprises et la société autour d’un programme commun de recherche et d’innovation technologique. Elle est l’aboutissement des efforts menés par la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO pour favoriser la coopération internationale dans le domaine des sciences océaniques.