De l’eau dans le gaz, les hydrates de méthane à l’étude en mer Noire

La glace qui brûle : ainsi sont surnommés les hydrates de méthane, qui ont l’apparence et la consistance de la glace. Ce sont des molécules de gaz enfermées dans une cage d’eau. Nous pouvons les trouver dans tous les fonds sous-marins du globe à des profondeurs spécifiques. Le projet ANR Blame, commencé le 1e avril, vise à mieux comprendre leur cycle de formation et de déstabilisation sur un site pilote en mer Noire.

Les hydrates de méthane sont présents sur toutes les marges lorsque les conditions de stabilité y sont propices. De façon anthropique ou naturelle, une modification des conditions de température, de pression et de salinité peut conduire à la dissociation des hydrates de gaz. De grandes quantités de gaz peuvent ainsi s’échapper dans la colonne d’eau voire dans l’atmosphère. C’est un risque pour le climat, le méthane étant un gaz à fort effet de serre, 25 fois supérieur à celui du CO2.

Une déstabilisation des hydrates de méthane génère des surpressions dans les couches sédimentaires superficielles. Ces mécanismes peuvent engendrer des glissements de terrain sous-marins, se traduisant par un risque de tsunamis.

Le projet ANR jeune chercheur intitulé Blame (BLAck sea MEthane) vise à étudier de A à Z le cycle du méthane en mer Noire, de sa formation dans les couches sédimentaires profondes jusqu’à sa dispersion en mer en passant par son impact sur les fonds marins. Une campagne en mer, GHASS2, est prévue en 2020-2021, avec notamment des prélèvements de sédiments profonds, des mesures géotechniques, des acquisitions géophysiques et une observation des mécanismes sur les fonds à l’aide d’un engin sous-marin. Le projet Blame, d’une durée de 4 ans, permettra d’exploiter ces nouvelles données.

« La mer Noire est un site d’étude unique au monde, qui pourrait permettre d’observer des hydrates de méthane en cours de dissociation, entre 650 et 750 m de profondeur », précise Vincent Riboulot, sédimentologue à l’unité Géosciences Marines de l’Ifremer depuis 2012 et porteur du projet. Une spécificité liée aux variations de salinité dans l’histoire géologique de la mer Noire, qui fut tantôt un lac d’eau douce, tantôt une mer isolée d’eau salée.

Précisions ici sur la déstabilisation actuelle des hydrates liée à la salinité en mer Noire (résultats publiés en janvier 2018 dans la revue Nature Communications, article complet à retrouver ici).