Avec l’entrée de l’Ifremer dans son capital, la start-up Forssea met le cap sur les énergies marines renouvelables et l’exploration scientifique
L’entreprise de robotique sous-marine Forssea Robotics développe des véhicules autonomes téléopérés et des caméras intelligentes pour le secteur maritime. Elle annonce la prise de participation de l’Institut français pour la recherche et l’exploitation de la mer (Ifremer) à son capital. A travers ce partenariat, Forssea veut accélérer sa diversification dans les secteurs des énergies marines renouvelables et de l’exploration scientifique. L’Ifremer marque ainsi à nouveau son ambition de devenir un moteur de l’innovation pour l’économie bleue.
Depuis sa création en 2016, l’entreprise Forssea a développé deux robots submersibles téléguidés : Atoll et Argos. « Nous avons développé nos propres véhicules car il nous fallait une plate-forme moderne, toute-électrique, légère et suffisamment puissante pour répondre aux besoins actuels. Nos solutions permettraient de diviser par 5 les coûts d’exploitation des gisements d’énergies fossiles ou des parcs EMR », déclare Gautier Dreyfus, co-fondateur et dirigeant de Forssea. Ces systèmes sont aujourd’hui en phase de qualification finale, pour le déploiement et la récupération de balises sous-marines en marge de campagnes de forages et de constructions pétrolières.
L’Ifremer entrevoit d’autres applications pour ses campagnes océanographiques et ses observatoires sous-marins : une collaboration se met en place en 2019. Depuis lors, Forssea se rend régulièrement au Centre Ifremer de la Seyne-sur-Mer pour y tester ses systèmes.
« Nous voulons améliorer la robotisation des tâches les plus répétables, comme l’inspection visuelle ou le nettoyage des structures sous-marines, ajoute Gautier Dreyfus. L’Ifremer est un fleuron national à l’origine de grandes aventures scientifiques mondiales. Ce partenariat va nous permettre de bénéficier de tout le savoir-faire de l’établissement en matière de systèmes sous-marins et de gagner en crédibilité à l’international ».
« La prise de participation de l’Ifremer vient renforcer plus encore notre collaboration avec l’équipe de Forssea et la démarche d’innovation InOcéan de l’institut, déclare Romain Charraudeau, directeur de l’Innovation à l’Ifremer. Nos forces de recherche aideront cette jeune start-up à accélérer son développement. Nous projetons également de lui transférer certaines des technologies développées par l’Ifremer et d’en co-développer de nouvelles pour répondre à nos besoins de recherche. Ce cercle vertueux répond ainsi pleinement à notre objectif de favoriser le développement socio-économique du monde maritime ».
Au programme des collaborations entre Forssea et les unités technologiques de l'Ifremer :
Un travail à long terme sur le concept de ROV résidant, sur la vision embarquée intelligente et la modélisation 3D à partir d’images… Et à plus court terme le déploiement des systèmes de Forssea sur des observatoires sous-marins :
«A ce jour, collecter les données de nos observatoires de fond de mer ne peut être réalisé que par des engins sophistiqués tels le ROV Victor 6000, le sous-marin Nautile ou encore le HROV Ariane. L’Ifremer étudiera avec Forssea un nouveau scénario pour simplifier ce type d’opérations et les réaliser plus fréquemment, explique Jean-Marc Daniel, responsable du département Ressources physiques et écosystèmes de fond de mer à l’Ifremer. Avec le robot Atoll, nous pourrions établir de manière automatique un lien câblé entre la station sur le fond et le navire et récupérer ainsi des données, recharger les batteries de l’observatoire, faire des diagnostics ou encore reprogrammer certaines fonctions. Le robot pourrait aussi jouer le rôle d’ascenseur et récupérer des objets au fond comme des stations sismiques de fond de mer (OBS) pour les remonter à bord, ce qui nous évitera de devoir laisser sur le fond la grenaille de fer qui sert de lest pour descendre ces objets ».