Flotte océanographique française : environ 50% de l’activité scientifique assurée en 2020
Les navires de la Flotte océanographique française reprennent leurs missions sur les océans du globe, après 5 mois d’arrêt. La durabilité de la pêche ou l’exploration des océans profonds seront au programme des grandes campagnes de la reprise.
« La crise sanitaire que nous avons vécue au printemps a eu des répercussions inédites sur le fonctionnement de la Flotte océanographique française, souligne François Houllier, Président-Directeur général de l’Ifremer. Relancer nos navires reste encore un défi dans le contexte international actuel. Logistique des escales, transport des outils scientifiques, acheminement des équipes, tests sanitaires avant embarquement… La vigilance reste de mise à toutes les étapes, et l’organisation peut encore évoluer selon l’évolution de la situation sanitaire et les consignes gouvernementales. Après 5 mois d’arrêt, on peut estimer que 50% de l’activité scientifique prévue initialement sur l’année sera assurée d’ici fin décembre. »
Les navires reprendront progressivement la mer à partir du mois d’août. « Il a fallu reprogrammer les activités les plus prioritaires, selon deux critères : les missions scientifiques qui risquaient de perdre des données du fait d’équipements qui n’avaient pas pu être relevés ; et les missions d’intérêt public par exemple sur l’halieutique. Par précaution, toutes ces campagnes seront réalisées depuis l’hexagone, La Réunion ou Nouméa, en évitant des escales dans des ports étrangers », précise Olivier Lefort, Directeur de la Flotte océanographique française.
Sur les mers du monde, de grandes campagnes scientifiques marqueront cette reprise d’activité :
- Océan Pacifique : L’Alis (navire côtier basé à Nouméa) sera le premier à reprendre son activité, avec notamment les campagnes Seamounts (coordonnée par l’IRD). Leurs objectifs sont de comprendre le fonctionnement des monts sous-marins de Nouvelle-Calédonie afin de contribuer à leur protection, grâce aux dernières technologies d'ADN environnemental, d'intelligence artificielle et de génétique.
- Océan Indien : le Marion Dufresne se rendra en octobre à Mayotte (campagne MAYOBS15, coordonnée par l’Ifremer en partenariat avec le BRGM, l'IPGP et le CNRS). Cette mission pour le REVOSIMA (réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte) permettra d’effectuer de nouveaux prélèvements sur le volcan sous-marin découvert en mai 2019 à 50 km de l’île. L’objectif est de suivre et comprendre l’évolution du volcan actif, la sismicité et les émissions de fluides, pour contribuer à l'évaluation des aléas (cf derniers résultats publiés en juin).
- Océan Atlantique : analogue à une station spatiale, un observatoire scientifique est en place à 1700 m de fond, sur une chaîne de montagnes sous-marines au large des Açores. Cette observation en continu depuis 10 ans permet de faire progresser la connaissance de la biodiversité remarquable des milieux profonds dans un contexte d’intérêt pour les ressources minérales. Comme chaque année, le Pourquoi Pas ? s’y rendra en septembre pour maintenir les équipements à niveau (campagne Momarsat, coordonnée par l’Ifremer).
- Manche – Golfe de Gascogne – Méditerranée : neuf campagnes auront lieu entre septembre et décembre pour les évaluations des populations de poissons, mission d’intérêt public majeur en appui à la Politique commune de la pêche au niveau européen. Plusieurs navires y contribuent, en particulier le Thalassa et L’Europe.
Plus de précisions sur la programmation du dernier trimestre 2020 et sur les conditions d’embarquement dans le contexte de la crise sanitaire.
A propos de la Flotte océanographique française
Présente sur toutes les mers du monde, forte de ses 4 navires hauturiers, 7 navires semi-hauturiers et côtiers, 7 navires de station et de ses engins sous-marins capables d’intervenir jusqu’à 6000 m de profondeur, la Flotte océanographique française est l’une des 3 plus importantes flottes de recherche européennes avec la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Unifiée depuis janvier 2018, elle est opérée par l’Ifremer au bénéfice de l’ensemble de la communauté scientifique française concernée. Elle s’appuie sur le savoir-faire d’une direction de 80 personnes en charge de ses opérations et de son développement technologique, et sur une compagnie d’armement de 350 personnes (la SAS Genavir).
Plus de 3500 chercheurs, ingénieurs et techniciens de la communauté scientifique (Ifremer, CNRS, IRD, universités, Museum national d’histoire naturelle, Institut de physique du globe…) utilisent les outils de la Flotte océanographique française. Chaque année, environ 300 nouvelles publications se nourrissent ainsi des données récoltées lors de ces campagnes menées en mer.
Polyvalente, cette Très Grande Infrastructure de Recherche (TGIR) réalise également des missions d’intérêt public pour l’évaluation des ressources halieutiques et pour l’observation et la surveillance des milieux côtiers. Chaque année, ses campagnes permettent ainsi d’éclairer les instances nationales et européennes chargées de fixer des quotas de pêche. Dans le cadre d’un partenariat de long terme avec la Marine nationale autour du Pourquoi pas ? (navire financé à 45% par le ministère de la Défense), la Flotte océanographique française réalise également des missions d’hydrographie hauturière.
Pour améliorer les performances technologiques de la Flotte et proposer à ses utilisateurs des outils de dernière génération capables de toujours mieux observer, comprendre et protéger l’océan, l’Ifremer consacre des moyens dédiés à l’innovation. Des équipes d’ingénieurs et de techniciens, partagées entre Brest et Toulon, se chargent ainsi de concevoir des instruments et systèmes sous-marins nouveaux, de développer des logiciels d’acquisition et de traitement des données, ou encore de mener une activité de R&D autour de l’usage des équipements acoustiques.