Suivre les poissons porte-épées de l’océan Indien par satellite pour mieux les protéger
Cinq espèces de poissons porte-épées présentes dans les eaux tropicales, subtropicales et tempérées de tous les océans sont au cœur du projet baptisé Flopped (Finding Large Oceanic Pelagic Predators Environnemental Distribution). Touchées par la surpêche et la surexploitation, la plupart de ces populations sont dans un état préoccupant. Pour mieux les protéger, il est essentiel de mieux connaître leurs zones de reproduction. C’est l’un des enjeux de ce projet mené sur trois ans (2019-2021) par la station Ifremer de l’océan Indien (DOI), le CNRS et le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de La Réunion.
De nouvelles données scientifiques pour soutenir une pêche durable
Une meilleure compréhension de la biologie et de l’écologie du marlin noir (Makaira indica), du marlin bleu (Makaira nigricans), du marlin rayé (Tetrapturus audax), du voilier (Istiophorus platypterus) et de l’espadon (Xiphias gladius) est une des priorités de recherche fixées par la Commission des thons de l'océan indien (CTOI). De nouveaux jeux de données, plus complets et fiables, apporteront les nouvelles connaissances utiles pour exploiter durablement ces espèces. C’est l’ambition du projet de recherche inter-organismes Flopped de pouvoir identifier les zones de reproduction, leur connectivité et leurs différentes contributions au renouvellement des populations, la maturité sexuelle des espèces, leur migration, l’origine des larves des portes-épées et les zones sensibles pour le recrutement biologique…
L’Ifremer est le pilote de ce projet en partenariat avec le laboratoire d'informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (LIRMM, CNRS/Université de Montpellier) et le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de La Réunion (CRPMEM) ; il est co-financé par le FEAMP (Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche).
Objectif : marquer 100 poissons pour les suivre par satellite
Pour y parvenir, la station de l’Ifremer basée à La Réunion placera 100 balises sur les 5 espèces cibles du projet. Les marquages seront réalisés avant la période de reproduction, principalement durant l’été austral de novembre à avril.
Grâce à ces balises électroniques accrochées aux poissons, les scientifiques pourront enregistrer des données indiquant leurs déplacements. Ce n’est que lorsque les balises se détachent au bout d'un temps programmé (trois à six mois) ou suite à la mort du poisson ou à la capture de ce dernier, que les données peuvent être transmises par satellite. Cette transmission nécessite que les marques restent plusieurs jours en surface.
Dans certaines situations, les balises subissent des aléas empêchant la communication des données aux équipes scientifiques. Aussi, il est demandé aux usagers de la mer de participer à la récolte de ces balises. Une campagne de sensibilisation est prévue à cet effet : « si vous pêchez un poisson marqué ou si vous trouvez une marque sur la plage ou en surface, nous vous remercions de contacter l’Ifremer. Une récompense de 100 € est offerte pour chaque marque déployée par l’Ifremer rapportée ou envoyée. »
Déjà 42 balises posées en 2019 et 2020
La 1ère campagne de marquage a débuté à la fin du mois d’août 2019 lors d’un premier essai en partenariat avec des pêcheurs professionnels réunionnais. Elle s’était poursuivie par des collaborations avec les pêcheurs sportifs et professionnels à l’occasion d’évènements (concours, championnat) ou de campagnes scientifiques dans différents sites d’études mais n'a pu être menée jusqu'à son terme en raison de la crise sanitaire Covid-19. La seconde campagne a débuté par une mission à Mayotte menée en novembre 2020 et a permis de marquer six voiliers.
À ce jour, 42 marques ont été posées. Les résultats sont attendus courant 2021. Les scientifiques en sauront alors plus sur les comportements et les zones de reproduction des porte-épées !