Campagne COMOR : évaluation du stock de coquilles Saint-Jacques en baie de Seine

Paris, le 3 juillet 2006

Depuis le 27 juin, et jusqu’au 14 juillet, l’équipe du laboratoire « Ressources Halieutiques » de la station Ifremer de Port-en-Bessin effectue, comme chaque année, la campagne COMOR (Coquilles Manche Orientale). Cette campagne permettra d’évaluer directement le stock de coquille Saint-Jacques de la baie de Seine afin d’estimer : d’une part, la biomasse disponible et sa répartition géographique sur le fond, et, d’autre part, la qualité du recrutement.

Pour une gestion durable des ressources
 Au niveau régional, la pêche des coquilles Saint-Jacques dans la baie de Seine constitue une activité économique essentielle pour près de 250 navires de pêche du littoral de la Manche Est (de la Basse-Normandie au Nord-Pas-de-Calais). La pêche de cette espèce, dans le seul gisement classé de la baie de Seine, s’étale de décembre à mi-mars pour une production oscillant entre 3 et 10 000 tonnes1.
La campagne COMOR s’inscrit dans le cadre de la convention établie entre la station Ifremer de Port-en-Bessin et le Conseil Régional de Basse-Normandie qui définit les bases d’un soutien scientifique à la gestion durable des ressources d’intérêt régional.

Une campagne de prospection
 La pêche de la coquille Saint-Jacques est très largement encadrée par un système de réglementations, mis en place par la profession (CRPM Haute et Basse Normandie), et validée par l’Administration des pêches (DIRAM Haute-Normandie).
Les résultats issus de la campagne COMOR permettront d’avoir une image exhaustive de l’état de la ressource avant le démarrage de la campagne de pêche 2006-2007, donnant ainsi la possibilité aux gestionnaires d’organiser la saison de pêche en conséquence. En effet, les scientifiques évaluent l’abondance des coquilles du groupe 3 et plus (qui constituent le reliquat des saisons de pêche des années précédentes), et celle du recrutement des coquilles du groupe 2 (âge auquel la coquille commence à apparaître dans les captures) : coquilles qui alimenteront les captures commerciales à l’automne 2006. De plus, depuis une dizaine d’années, la campagne a lieu en juillet, période à laquelle la pousse des coquilles de groupe 1 (jeunes coquilles de 5 cm en moyenne) est suffisante pour estimer le pré-recrutement 2. L’élaboration d’une expertise précoce permet ainsi aux acteurs du secteur de prendre les mesures les mieux adaptées à la réalité perçue à travers les résultats de la campagne.

La méthodologie adoptée
Pour établir le diagnostic du stock, l’évaluation directe de la ressource a été privilégiée par rapport aux méthodes d’évaluation indirecte. Ces dernières sont en effet moins adaptées à une ressource caractérisée par un faible nombre de cohortes (classes d’âge) exploitées, par des fluctuations importantes et pour laquelle les statistiques de pêche demeurent encore fragmentaires.
La campagne 2006 fait ainsi partie d’une série chronologique de campagnes récurrentes débutées en 1976. L’objectif est de recueillir les données permettant d’estimer les indices d’abondance par classe d’âge, les paramètres de croissance, la répartition géographique et l’estimation de la biomasse exploitable dans la zone de la baie de Seine.
La 36ème campagne COMOR suivra donc un plan d’échantillonnage aléatoire stratifié prévoyant 162 traits de drague. Pour chaque trait, on mesurera toutes les coquilles (par classe d’âge), ainsi que les soles et plies (prélèvements d’otolithes pour âgeage en laboratoire). La macro-faune sera déterminée systématiquement. Suite aux crises sanitaires de 2004 (ASP3 ) et 2005 (DSP 4), des échantillons de coquille Saint-Jacques et des prélèvements d’eau en surface seront également effectués pour déterminer la présence éventuelle d’algues toxiques (Pseudonitzschia et Dinophysis).
1 La pêche de la coquille St-Jacques est ouverte par décret ministériel du 1er octobre au 15 mai sur l’ensemble des gisements français, à l’exception des gisements dits « classés », qui ont une période d’ouverture plus limitée dans le temps. En Manche Est par exemple, l’ouverture a lieu début octobre, sauf pour le gisement classé de « La baie de Seine » (limité au nord par la limite des 12 milles et au sud par la côte, eaux correspondant aux eaux territoriales françaises).
2 Le pré-recrutement est constitué de coquilles de groupe 1, les scientifiques les capturent pour évaluer la ressource pour la campagne de pêche 2007-2008 et les suivantes.
3 Les ASP pour Amnesic Shellfish Poisoning, sont des toxines amnésiantes.
4 Les DSP pour Diarrheic Shellfish Poisoning, sont des toxines diarrhéiques.