Campagne CGFS : évaluation des ressources halieutiques de Manche orientale

Paris, le 16 octobre 2006

Depuis le 1er octobre, une équipe scientifique des laboratoires de Boulogne-sur-Mer et de Port-en-Bessin effectue à bord du Gwen Drez une campagne pour évaluer les ressources marines vivantes en Manche orientale. La campagne CGFS, Channel Ground Fish Survey, s’achèvera le 30 octobre. Retour sur les objectifs et la méthodologie de cette campagne que l’Ifremer effectue chaque année depuis 1988.
 
 
 Principal outil de collecte de données pour une façade maritime de première importance

La Manche orientale est une entité spatiale qui se caractérise par la prépondérance de ses activités socio-économiques en relation avec le milieu maritime. En effet, elle constitue avec le Détroit du Pas-de-Calais un des plus importants lieu d’échanges international, réalisant prés de 20 % du trafic mondial. Boulogne-sur-Mer est par ailleurs le premier port européen de traitement des produits de la mer et premier port de pêche français. Cette façade maritime, principalement exploitée par les chalutiers artisans de pêche côtière et par les bateaux de petite pêche, représente au total plus de 80 % des quantités déclarées par les différents pays travaillant dans ce secteur. L’impact écologique de cette exploitation sur les ressources halieutiques et sur la fragilisation des écosystèmes doit être mesuré.

Dans ce contexte, la campagne CGFS constitue, pour cette zone géographique, l’unique outil de collecte de données scientifiques au chalut de fond sur les ressources marines vivantes. En adéquation avec les priorités affichées dans le cadre de la Politique Commune des Pêches, la campagne CGFS contribue par la fourniture d’indices d'abondance à l’évaluation de l’état de santé des principales espèces commerciales de Manche orientale comme la plie, le merlan, la morue ou encore le rouget barbet. Elle couvre toute la Manche orientale et le sud de la mer du Nord, correspondant aux secteurs VIId et IVc4 du Conseil International pour l’Exploration de la Mer.

Au delà de cet objectif, la campagne CGFS participe aux activités de recherche en écologie spatiale, visant à décrire et comprendre les écosystèmes exploités, à identifier les habitats préférentiels des principales espèces commerciales afin de construire un outil permettant de prévoir les divers impacts des activités humaines sur le milieu. La campagne CGFS est à cet égard essentielle à l’étude des conséquences des activités industrielles, telles que l’extraction de granulats marins. Le suivi dans ce domaine est effectué dans le cadre de la Convention pluriannuelle liant le Ministère de l’Industrie, le BRGM et l’Ifremer.
 
 Une campagne de chalutage de fond basée sur une méthodologie standardisée

L'engin de pêche utilisé dans le cadre de la campagne CGFS est un chalut de fond à grande ouverture verticale (GOV), choisi en priorité pour la capture des espèces démersales . Ses dimensions sont de 19.70 m (bourrelet) sur 25.90 m (corde de dos) et le maillage utilisé pour le cul du chalut est de 10 mm de côté (20 mm étiré) pour la capture des juvéniles. C’est un engin polyvalent qui convient aux différents types de fonds rencontrés dans la zone étudiée, légèrement sous-dimensionné afin de faciliter sa mise en oeuvre et d’obtenir un rendement optimum en fonction de la puissance du bateau. La zone étudiée est divisée en rectangles de 15' de latitude sur 15' de longitude, un ou deux traits (2 en zone côtière ou 1 pour le large) sont effectués à l'intérieur de chaque rectangle.

La méthode de pêche est standardisée car il est essentiel que les mesures soient faites tous les ans selon des protocoles identiques : avec le même navire , le même engin, à la même période, et selon le même schéma d'échantillonnage. Ainsi les résultats sont comparables d'une année à l'autre et peuvent être analysés sous forme de séries temporelles. 118 stations de chalutage sont prévues cette année. A chaque station, toutes les espèces présentes sont triées, pesées, puis comptées et mesurées afin d’obtenir les abondances pour chaque classe de taille. La température et la salinité sont également mesurées en continu pendant chaque opération de pêche.

En outre, les scientifiques prélèvent à bord, sur les principales espèces concernées (morue, merlan, plie, rouget barbet), des pièces calcifiées appelées otolithes qui permettront d'estimer leur âge afin de calculer les indices d'abondance par classe d’âge, données indispensables pour les évaluations de stocks.
1 Chaque année, une campagne anglaise au chalut à perche est menée durant les mois de juillet et août. Des campagnes allemande, hollandaise sont également menées en décembre ou janvier sur les larves de harengs.
2 Espèces vivant à proximité du fond (ex. : morue, merlan, tacaud, …)