Marées vertes en Bretagne : Les causes et les remèdes - une conférences grand public de l’Ifremer Bretagne

Depuis 40 ans, un nombre croissant de plages et d'anses de la côte bretonne sont envahies du printemps à l'automne par une prolifération d'algues vertes. Ce phénomène est étudié par l'Ifremer et le CEVA. Les causes sont connues mais comment y remédier ? Par Alain Ménesguen, océanographie biologiste.

Marées vertes en Bretagne : Les causes et les remèdes

par Alain Ménesguen
océanographe biologiste au laboratoire Ecologie Benthique

Depuis 40 ans, un nombre croissant de plages et d'anses de la côte bretonne sont envahies du printemps à l'automne par une prolifération d’algues vertes. Ce cas typique d’enrichissement excessif, appelé eutrophisation, a été étudié par l'Ifremer et le CEVA en baies de Saint-Brieuc, de Lannion, de Douarnenez, de la Forêt-Fouesnant et en Rade de Brest. Il a pu être expliqué par la conjonction de deux conditions naturelles et d'un facteur résultant de l’activité humaine :

  1. l'existence d'une masse d'eau côtière de faible profondeur et peu turbide sur une large étendue (par exemple, une plage à faible pente),
  2. un confinement hydrodynamique de cette masse d'eau côtière,
  3. l’arrivée d’un flux significatif d’azote terrigène.

Seul le troisième facteur a beaucoup évolué durant le dernier demi-siècle, en raison du décuplement des concentrations en nitrate des rivières bretonnes causé par le lessivage de terres agricoles sur-fertilisées. Dans les sites naturellement confinés, les mesures de biomasse estivale sur le terrain ont montré une bonne corrélation avec les apports printaniers et estivaux de nitrate par les rivières (année sèche 2003 peu favorable aux marées vertes, année 2007 à été pluvieux ayant généré des marées vertes exceptionnelles en automne).

Comme il n'est pas envisageable de diminuer le confinement naturel des baies bretonnes, ni d'en augmenter durablement la turbidité, seul reste le levier des apports terrigènes d'azote. Les modèles mathématiques de l’Ifremer et du CEVA montrent que la seule manière de diminuer la biomasse d’ulves sur les plages est de réduire les apports de nitrate d'origine agricole. Dans les sites les plus sensibles, il faudrait pour cela ramener la concentration en nitrate dans les rivières de 30 mg/L à moins de 10 mg/L, ce qui constitue un véritable défi
pour la société. Au début du 20ème siècle, cette concentration ne devait pas dépasser quelques mg/L.

Le plan gouvernemental de lutte contre les marées vertes a repris ces objectifs dans les chartes en cours de signature sur les 8 bassins versants générateurs des principales marées vertes.

à l’Ifremer de Brest
mercredi 13 mars 2013 à 15h30
Entrée libre et gratuite