PREDADOR : un répulsif acoustique pour lutter contre la menace des daurades royales

La daurade royale, très vorace, peut causer des dégâts considérables dans les élevages de moules et d’huîtres. Dans le cadre du projet PREDADOR, un prototype expérimental de répulsif acoustique a été développé par l’Ifremer et testé par les professionnels.

La daurade royale, très vorace, peut causer des dégâts considérables dans les élevages de moules et d’huîtres dont elle broie les coquilles grâce à ses puissantes dents. En septembre dernier, selon les mytiliculteurs impactés de la Rade de Brest, un banc de plusieurs milliers de daurades a ainsi dévoré 160 tonnes de moules.

Dans le cadre du projet PREDADOR, démarré en 2013, un prototype expérimental de répulsif acoustique a été développé par l’Ifremer et testé par les professionnels en 2013, puis en 2014 durant cinq mois, sur deux concessions pilotes en Rade de Brest et en Baie de Quiberon. Le répulsif a prouvé son efficacité sur les grands bancs de daurades et un projet industriel pourrait voir le jour prochainement.

Les daurades royales : une menace pour la conchyliculture

« Les répulsifs acoustiques existaient déjà pour faire fuir les cétacés, comme le dispositif CETASAVER en partie développé à l’Ifremer destiné à éloigner les dauphins lors d’opérations de pêche, mais pas pour des espèces ciblées de poissons, comme la daurade », expliquent Yves Le Gall, chef du service Acoustique Sous-marine, et Eric Menut, ingénieur électronicien, au Centre Ifremer Bretagne. Or, la demande existe. Les professionnels de la conchyliculture observent depuis plusieurs années des prédations importantes et soudaines de leurs élevages de moules et d’huîtres par les daurades royales.

Cette espèce carnivore dont la taille peut dépasser 70 cm et le poids 8 kg, se régale des coquillages au sol en eau profonde, sur estran, sur bouchots ou sur filières. Les moyens de protection utilisés comme les filets ou les grillages, fonctionnent dans certains cas, mais sont coûteux, fragiles et requièrent beaucoup de main d’œuvre car ils doivent être nettoyés régulièrement. Depuis une vingtaine d’années, les daurades sont de plus en plus abondantes en Bretagne. Leur aire de répartition semble avoir été modifiée. Les daurades remontent de la Méditerranée aux eaux vendéennes et bretonnes, et jusqu'à l'entrée de la Manche.

PREDADOR : un répulsif acoustique pour éloigner les daurades royales

Le projet PREDADOR, qui vise aussi à améliorer les connaissances sur la biologie et le comportement de la daurade royale, a permis le développement d’un prototype de répulsif acoustique de type alarme sonore, de faible puissance, dont la portée d’efficacité est estimée entre 200 et 300 mètres.

Les expérimentations ont été réalisées à la demande de la profession conchylicole (Comité Régional de la Conchyliculture (CRC) Bretagne Sud et soutien du CRC Bretagne Nord). Le projet de recherche PREDADOR est labellisé par le Pôle Mer Bretagne Atlantique, financé par la région Bretagne et le département du Morbihan, et piloté par le CRC Bretagne Sud.