Vers une extension du plateau continental aux Antilles

Paris, le 11 janvier 2007

Aujourd’hui, 11 janvier 2007, débute à Pointe à Pitre en Guadeloupe, la campagne Antiplac dirigée par Martin Patriat du Département Géosciences Marines de l’Ifremer à Brest. Une équipe de 10 scientifiques a embarqué à bord de L’Atalante afin d’acquérir des données sismiques et bathymétriques autour des Antilles. Les objectifs de la campagne s’inscrivent dans le cadre du programme EXTRAPLAC (pour EXTension RAisonnée du PLAteau Continental) : fournir les données scientifiques et les interprétations nécessaires à la préparation du dossier de revendication d'extension du plateau continental juridique. 

Antiplac, dixième campagne du programme Extraplac
Aux termes de la convention internationale sur le droit de la mer de 1982, ratifiée par la France en 1996, les Etats côtiers ont la possibilité d’étendre leur plateau continental au-delà des 200 milles marins qui est aussi la limite de la Zone Economique Exclusive, sans que celle-ci puisse faire l’objet de l’extension. Ces extensions vers la haute mer ne peuvent être revendiquées que sur les fonds marins et le sous-sol adjacent à leurs côtes, à condition de démontrer que sont réunies certaines conditions géologiques, morphologiques et géophysiques. Les dossiers de revendication sont examinés par la Commission des limites du plateau continental (CLPC1), une commission spécialisée des Nations Unies et créée par la convention sur le droit de la mer, à laquelle ils doivent être soumis avant le 13 mai 2009.
Le programme national Extraplac, piloté par le Secrétariat Général de la Mer, a été mis en place en 2002-2003 pour l’établissement des dossiers d’extension du plateau continental juridique au-delà des 200 milles marins et la revendication des extensions françaises. L’Ifremer en assure la maîtrise scientifique et technique avec trois partenaires : le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine, l’Institut Français du Pétrole et l’Institut Polaire Paul Emile-Victor.

Pourquoi étendre le plateau continental ?
 La possibilité d'agrandir les zones maritimes sous sa juridiction intéresse la France à plusieurs titres. Tout d’abord, elle permettrait à la France de confirmer sa place de nation maritime majeure : 1 million de km2 au total, répartis dans tous les océans, dans les eaux adjacentes à la métropole et aux départements et collectivités territoriales d’outre-mer, sont en jeu qui s’ajouteraient aux 11 millions de km2 de notre actuelle Zone Economique Exclusive.
Dans ces espaces, la France disposera de droits souverains pour l’exploitation des ressources naturelles, contenues dans le sol et le sous-sol exclusivement, dont des ressources minérales et hydrocarbures, des bactéries utilisables pour les biotechnologies… Les droits souverains sur la pêche resteront limités aux 200 milles nautiques, excepté pour les espèces vivant sur le fond.

Les particularités géologiques des Antilles
Les îles antillaises sont situées sur une marge dite active, caractérisée par la présence d'une zone de subduction océanique. Ce contexte géologique est généralement peu favorable à l'extension du plateau continental du fait de la morphologie particulièrement abrupte de ce type de marge. Néanmoins, les Antilles possèdent des caractéristiques géologiques particulières qui permettent d’étayer un dossier d’extension et le rendre éligible par la CLPC.
D’une part, le prisme d'accrétion (zone généralement considérée par la CLPC, comme "le prolongement immergé du territoire terrestre" et donc comme faisant partie du plateau continental) est relativement large.
D’autre part, les études antérieures ont montré la présence d'un petit bassin sédimentaire au-delà des 200 milles de la juridiction nationale française.
Les objectifs prioritaires de la campagne ANTIPLAC seront donc la cartographie du front de la zone d'accrétion et de l'épaisseur des sédiments au large des Antilles, du côté de l’Océan Atlantique.
Par ailleurs, un observateur barbadien embarquera à bord du navire car des données devraient être acquises à l'intérieur de la Zone Economique Exclusive de la Barbade. La Barbade aura ainsi accès aux données recueillies dans cette zone qui serviront aussi bien dans le dossier français d’extension que dans une demande barbadienne d’extension du plateau continental. Cette participation à la campagne offerte à la Barbade s’inscrit dans une coopération bilatérale régionale.

Consulter le site du programme Extraplac : http://www.extraplac.fr
1 Cette commission a pour mission d’examiner les demandes d’extension du plateau continental et d’émettre des recommandations définitives pour les états demandeurs, selon les critères scientifiques.