IBTS : Retour de campagne
Boulogne-sur-mer, le 24 février 2007
Dans le cadre du programme International Bottom Trawl Survey (IBTS), l’Ifremer, et notamment le laboratoire Ressources Halieutiques Manche-mer-du-Nord, a mené pendant près d’un mois la campagne IBTS, en Manche Orientale et en mer du Nord. L’équipe constituée de 22 scientifiques a embarqué le 27 janvier dernier sur la Thalassa au départ de Brest. Réalisée en collaboration avec six partenaires européens et coordonnée par le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM), cette campagne permet de calculer un indice d’abondance pour les principales espèces de poissons commerciaux exploitées dans cette zone. Intégrée depuis cette année au programme IBTS, la Manche Orientale a été échantillonnée par la Thalassa en début de campagne. Le navire a ensuite rejoint la mer du Nord pour couvrir la zone habituelle (entre 51° et 56°30 N)1 .
Du 29 janvier au 2 février : Observations en Manche Orientale
Trois prospections acoustiques, l'une le long des côtes françaises, la seconde au centre de la Manche Orientale et la troisième au large des côtes anglaises, ont été effectuées.
Des prospections plus resserrées sur les concentrations dans certaines zones connues pour être favorables au hareng (Bassure de Baas ou le banc du Colbart), 9 chalutages de fonds, 4 chalutages pélagiques et 20 stations au filet à larves ont également été réalisés.
Les zones habituellement prospectées par les pêcheurs Boulonnais ont été couvertes de jour et de nuit afin de comparer les différents types de détections rencontrées.
Les travaux ont débuté dans la nuit du 29 au 30 janvier par une radiale nord/sud, du centre de la Manche jusqu'au large de Fécamp. Dans la journée du 30 janvier, deux traits de chalut de fond ont été réalisés sur cette même radiale. Dans la nuit du 30 au 31, le navire a prospecté autour des bancs de Bassure de Baas et du Vergoyer tout en effectuant des stations au filet à larves. De jour (le 31 janvier), le même parcours entre la côte et Bassure de Baas a été effectué. Dans la soirée, la Thalassa se trouvait au large de Boulogne et a prospecté jusqu'au Cap Griz Nez avant de mettre en pêche sur de fortes détections.
Le 1er février, la radiale centrale ainsi qu'une prospection entre les bancs du Varne et du Colbart ont été réalisées. Un chalutage pélagique a été effectué au sud de Bassurelle. La dernière journée a été consacrée à la radiale située au large de l'Angleterre avant de rentrer à 17 heures au port de Boulogne pour une escale de deux heures. En sortant du port, la Thalassa a suivi une route côtière jusqu'aux bancs de Flandres, au large de Dunkerque.
- Résultats préliminaires
Les principales concentrations de hareng ont été rencontrées au large de Boulogne, entre le cap d'Alprech et le cap Gris Nez, sur des sondes de 20 à 30 mètres, principalement de nuit. Un trait au chalut pélagique d'une durée de 3 minutes a permis de vérifier qu'il s'agissait d’une concentration monospécifique de hareng (taille moyenne 26 cm). La capture a été estimée à 20 tonnes.
Au sud de la Bassure de Baas, les traits de chalut réalisés (pélagiques et chalut de fond) étaient composés de sardine, sprat et de divers pélagiques (dont du hareng en abondance moindre). Au centre de la Manche, le chinchard, le maquereau et le sprat étaient majoritaires, alors que le merlan dominait dans les traits réalisés sur la radiale longeant les côtes anglaises.
Les détections enregistrées au sondeur ont été analysées et classées en six catégories qui correspondent à des espèces ou groupes d’espèces identifiés à l’aide des chalutages effectués sur les détections.
1) Les détections diffuses de faible intensité sont attribuées aux poissons isolés et au plancton ;
2) les bancs denses, et 3) les bancs de densité moyenne attribués au hareng ;
4) les larges bancs isolés, et 5) les petits bancs de forte intensité ou collés au fond attribués à la sardine, le chinchard, ou le sprat ;
6) les bancs de surface (divers pélagiques).
Les détections attribuées au hareng ont été principalement localisées au large de Boulogne. L’extrapolation à la Manche orientale de ces détections denses (densité locale moyenne d’un banc entre 500 et 1500 tonnes par mille nautique carré), enregistrées sur quelques milles, est impossible compte tenu de leur hétérogénéité spatiale, de l’absence d’information sur la taille des concentrations et d’une couverture insuffisante de l’ensemble de l’aire de répartition.
Du 2 au 23 février : Echantillonnage en Mer du Nord
Comme les années précédentes, la Thalassa a échantillonné la partie sud de la mer du Nord (entre 51° et 56° Nord) en collaboration avec 6 autres navires européens et un protocole scientifique rigoureux.
Travaux réalisés :
- 76 traits au chaluts de fond
- 131 stations au filet à larves
- 75 stations hydrologiques
- 880 échantillons d'oeufs
En combinant les résultats de 322 traits de chalut (tous pays confondus), des indices préliminaires d’abondance de la classe d’âge 1 ont été calculés pour les principales espèces. Ils permettent de disposer dès la fin de la campagne d’informations assez fiables sur le niveau de recrutement de la morue, du merlan, de l’églefin, du tacaud norvégien, du sprat, du hareng et du maquereau. Dans l'ensemble, les recrutements sont très faibles pour les gadidés (morue, merlan, églefin, tacaud norvégien). Pour les poissons pélagiques, seul le sprat affiche un indice supérieur à la moyenne observée sur l'ensemble de la série. Le recrutement du hareng reste faible pour la 4ème année consécutive.
Les échantillons des stations au filet à larves n'ont pas encore été analysés. On peut noter quelques concentrations de larves de hareng dans la partie sud de la zone ainsi que dans la partie centrale de la mer du Nord.
La Thalassa est rentrée le vendredi 23 dans l'après midi au port de Boulogne-sur-mer.
1. cf communiqué de presse Ifremer daté du 1er février 2007