Comment se portent les stocks de poisson en mer du Nord et en Manche en 2016 ?

Harengs, cabillauds, églefins, merlans … Après un mois en mer (du 19 janvier à Brest au 19 février 2016 à Boulogne-sur-Mer), à bord du navire océanographique Thalassa, les scientifiques de l’Ifremer ont présenté samedi, 20 février, à Boulogne sur Mer les résultats préliminaires d’IBTS, la campagne européenne d’évaluation des stocks de poissons en mer du Nord et en Manche.

Réalisée par l’Ifremer tous les ans en janvier / février depuis 1976, la campagne IBTS (International Bottom Trawl Survey) permet de calculer un indice d’abondance des principales espèces de poissons commerciaux exploitées dans cette zone géographique. Ce type de campagne est toujours réalisé dans la même zone, à la même saison, avec des engins de pêche standardisés, afin que les données soient comparables d'année en année. Cette démarche favorise une meilleure gestion de la pêche. Pour obtenir des données comparables à l’échelle européenne, six pays (Norvège, Pays Bas, Grande Bretagne, Allemagne, Danemark, Suède) réalisent en parallèle le même type de campagne. L’ensemble est coordonné par le Conseil International pour l’Exploitation de la Mer (CIEM). Ces indices, qui seront cumulés à d'autres observations, notamment les débarquements des pêcheurs professionnels, serviront de base aux décisions sur les mesures européennes de gestion des ressources halieutiques, en particulier les quotas de pêche définis chaque année en décembre.  

23 scientifiques de l’Ifremer ont participé à la campagne en 2016. Pendant la journée, lors de 75 chalutages de fond (chaque trait de chalut dure 30 minutes), 9800 poissons ont été mesurés et 1500 otolithes prélevés A savoir: l'otolithe est un «petit os » situé dans l’oreille interne du poisson. Les scientifiques comptent les stries qui se sont formées sur l’otolithe au cours de la croissance du poisson. Ils peuvent ainsi estimer son âge. Le but est d’obtenir une correspondance entre la taille et l’âge du poisson.

- 118 stations au filet à larves ont été effectués pendant la nuit (tri et détermination des larves de poisson). Objectif : comparer leur abondance avec celle des juvéniles l'année suivante. 367 échantillons d’œufs de poisson (détermination des œufs de poisson)

- 179 stations hydrologiques de zooplancton et phytoplancton (vérification et analyse des données)
- Observation des oiseaux et mammifères marins en Manche
- Enregistrement des données acoustiques

L'état des stocks "ne s'améliore pas pour la plupart des espèces principales, c'est à dire le hareng, l'églefin et le cabillaud", souligne Yves Vérin le 20 février 2016, ingénieur au Centre Ifremer Manche Mer du Nord à Boulogne sur Mer (Laboratoire Ressources Halieutiques) et chef de mission de la campagne IBTS. "L'an dernier il y avait eu un petit sursaut sur le cabillaud. Mais cette année, la proportion de juvéniles est presque nulle. Le stock a du mal à se reconstituer en mer du Nord", explique le scientifique. Pour le hareng, première espèce pêchée en mer du Nord, l'indice est "très faible", alors que les résultats étaient très bons l'an dernier. Le score de l'églefin est "faible". Seul le merlan "remonte, avec un résultat légèrement supérieur à l'an dernier, ", selon M. Vérin.