Suivre le quotidien des tortues marines pour mieux les protéger

En ce moment même, dans l’océan Indien, deux missions de l’Ifremer font la part belle à la conservation des tortues marines. Et plus particulièrement de deux espèces en danger : les tortues verte Chelonia mydas et imbriquée Eretmochelys imbricata. Tandis que sur une île du canal du Mozambique, trois jeunes scientifiques ajustent les derniers réglages d’un nouveau système plus performant pour mieux les suivre, au large de La Réunion d'autres collègues équipent de jeunes tortues vertes de balises GPS dans le but de comprendre comment elles évoluent dans leur environnement.

En suivant de près leur vie quotidienne, les scientifiques apporteront de nouvelles connaissances essentielles pour améliorer les mesures de gestion et de protection des tortues marines dans cette partie de l’océan Indien, l’un de leurs principaux sites mondiaux de reproduction et de ponte.

Percer les mystères de la vie des tortues

A La Réunion, l’équipe scientifique[1] s’affaire sur le terrain dans le cadre du projet Next. Il s’agit de comprendre comment les jeunes tortues utilisent leurs habitats, et comment les activités anthropiques impactent leur état de santé. Quarante jeunes tortues des deux espèces seront mesurées, pesées sur le bateau et des échantillons biologiques prélevés. Ces informations sont précieuses pour estimer leur état de stress vis-à-vis des évolutions de leur environnement (prédation, fréquentation touristique ou encore contamination en métaux lourds). Huit d’entre elles seront équipées de systèmes GPS (disponibles dans le commerce) afin de suivre leurs déplacements au quotidien et comprendre ainsi où elles vont, quand et pour y faire quoi.

En mode Robinson Crusoé

De l’autre côté de Madagascar, au beau milieu du canal du Mozambique, Pierre Gogendeau, Andrea Goharzadeh et Julien Fezandelle sont partis pour 5 semaines sur l’île Europa, la plus grande des îles Eparses des Terres australes et antarctiques françaises. Aucun ravitaillement n’étant possible durant leur séjour, ils ont dû embarquer plus de 820 kg de matériel et de vivres. Leur mission : équiper trois tortues juvéniles avec les balises de nouvelle génération développées dans le cadre du projet IOT [2] (Indian Ocean sea Turtles) et installer un réseau de stations de réception sur l’île. Ces stations permettront de collecter les données transmises par les balises avant de les transférer directement à l’équipe de recherche. Leur objectif : valider sur le terrain le bon fonctionnement de ce nouveau système de suivi avant son déploiement en 2021 sur quatre sites répartis dans la partie sud-ouest de l’océan Indien (La Réunion, Mayotte, Aldabra et Europa). Ce système innovant présente plusieurs avantages par rapport à l’actuel : plus petit, plus précis, open source et low cost. Il permettra aux scientifiques, aux gestionnaires et même aux associations dans un futur proche de suivre plus d’individus à moindre coût. Une opération gagnant-gagnant pour la science et les tortues !

[1] L’équipe est composée de scientifiques de l’Ifremer, du CNRS - Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC), de Kélonia et du Centre d’étude et de découverte des tortues marines (CEDTM)

[2] Projet cofinancé par l'Union européenne dans le cadre du PO INTERREG V Océan Indien 2014 – 2020 et les partenaires du projet (Ifremer, CNRS, TAAF, OFB, Conseil départemental de Mayotte et SIF).