Charte sur l’expérimentation animale : l’Ifremer s’engage !
L’Ifremer vient de signer la charte de transparence sur l’expérimentation animale comme 35 autres organismes inscrits dans le paysage de la recherche publique et privée française. Initiée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, cette démarche est coordonnée par le GIRCOR (Groupe Interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche). Son objectif : informer de façon transparente le grand public sur le recours à des animaux à des fins de recherche scientifique.
L’expérimentation animale : quand et pourquoi ?
Si de nombreuses méthodes alternatives ont été développées pour se substituer à l’expérimentation animale (simulation informatique, deep learning, tests in vitro), celle-ci demeure dans certains cas indispensable à la recherche scientifique mais doit alors s’opérer de manière rigoureusement encadrée/ et doit être mise en œuvre de manière rigoureusement encadrée
L’Ifremer est concerné au titre des expérimentations réalisées sur les poissons dans certains de ses laboratoires. Tristan Renault, directeur du département Ressources Biologiques et Environnement (RBE) et référent « expérimentation animale » précise « Les expérimentations que l’on mène nous permettent d’apporter des éléments de réponse à des questions sociétales comme le changement global ou s’attachent au travers de l’acquisition de connaissances à aider les professionnels de la pêche ou de la pisciculture ».
De tels projets de recherche ont ainsi contribué à mettre en évidence l’impact du changement climatique sur la croissance et la reproduction du bar en lien avec la hausse de la température ou l’acidification de l’eau. Autre exemple : le maintien de sardines en conditions expérimentales, a conduit à montrer que la diminution en poids et en taille de ce petit poisson pélagique -constatée depuis 10 ans- trouve une explication dans la modification de ses apports en nourriture. De même l’étude de la génétique du bar, en conditions contrôlées de laboratoire, sert à comprendre pourquoi certains individus assimilent mieux les aliments et grossissent davantage que d’autres, un point crucial en pisciculture.
« À un moment donné, l’observation n’est pas suffisante. On doit confirmer des hypothèses au travers de l’expérimentation qui peut faire appel à des animaux, en l’occurrence des poissons. L’idée est de bien réfléchir avant toute expérimentation, de façon à ce qu’elle soit dimensionnée pour répondre aux questions scientifiques sans recourir à plus d’animaux que nécessaires et en intégrant leur bien-être. Les scientifiques au sein de l’institut sont bien sensibilisés à cette question. »
Tristan Renault, directeur du département Ressources Biologiques et Environnement (RBE) et référent « expérimentation animale »
Le recours aux animaux : une pratique rigoureusement encadrée
Il faut savoir qu’autoriser une expérimentation animale n’est pas laissée à la seule discrétion des instituts de recherche mais est encadrée par une réglementation européenne déclinée au niveau national. L’Ifremer s’y conforme strictement. Concrètement, tous les projets de recherche mobilisant des animaux doivent tout d’abord obtenir une autorisation spécifique du ministère chargé de la Recherche, après examen par des comités d’éthique régionaux. Les personnels de l’institut qui les mettent en œuvre suivent au préalable une formation à l’expérimentation animale. Quant aux installations hébergeant des animaux, elles sont également soumises à agrément et font l’objet de contrôles réguliers. Chaque structure concernée à l’Ifremer dispose d’un correspondant « Structure Bien-Être Animal » (SBEA).
Un engagement de transparence et d’éthique pour l’Ifremer
Avec la signature de cette charte, l’Ifremer marque sa préoccupation sur cette question de l’expérimentation animale et réaffirme son engagement d’ouverture à la société et sa volonté d’exemplarité en matière d’éthique. Ces deux objectifs ont été retenus comme prioritaires dans le projet d’institut qui fixe les grandes orientations stratégiques de l’établissement à l’horizon 2030. Soucieux de cet enjeu, l’Ifremer réfléchit aussi à l’introduction de nouvelles méthodes pour mener ses campagnes halieutiques, alors que celles-ci ne sont pas concernées par la réglementation actuelle sur l’expérimentation animale. Ces campagnes sont aujourd’hui basées sur des traits de chaluts destinées à évaluer la ressource en poissons. De nouvelles techniques sont explorées (acoustique, imagerie, ADN environnemental…) afin de développer des approches complémentaires et ainsi de minimiser l’impact sur le milieu naturel du chalutage. Les travaux de l’Ifremer, en particulier le développement d’engins sélectifs, permettent aussi d’accompagner les professionnels dans cette voie d’un moindre impact des activités de pêche sur les écosystèmes et les espèces qu’ils abritent.
Le point sur la réglementation
L’Ifremer applique rigoureusement la réglementation française, elle-même dérivée de la réglementation européenne, qui encadre de façon stricte l’expérimentation animale :
- L’utilisation d'animaux vivants en recherche biomédicale est encadrée par la Directive Européenne 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques qui a été transposée en droit français sous la forme d'un décret et de quatre arrêtés en date du 1er février 2013
- Conformément à la réglementation, la règle des 3 R décrite dans la Directive 2010/63/UE est appliquée. Elle consiste à:
Remplacer le recours à l'animal par des méthodes alternatives,
Réduire le nombre d’animaux utilisés, à défaut de méthodes,
Raffiner : respecter le bien-être des animaux et minimiser la douleur et le stress.