L’Ifremer, figure de proue des sciences marines dans la zone Américano-Caribéenne

Du 6 au 10 janvier 2020, le Président-Directeur général de l’Ifremer, François Houllier, se rendra en Martinique et en Guyane. Il rencontrera les équipes de recherche et les partenaires de l’Ifremer œuvrant dans cette partie de l’océan Atlantique.
A travers ses activités de recherche, d’expertise et d’innovation, l'Ifremer contribue au développement de solutions pour la gestion durable des ressources marines de ces territoires et la préservation de leur biodiversité.

Les travaux de l’Ifremer aux Antilles françaises et en Guyane ont débuté dès le début des années 1970 par des collaborations sur l’ostréiculture, d’abord à Cayenne, puis sur le site du Robert en Martinique. Depuis, le champ des recherches s’est élargi à des domaines à fort impact pour le développement de ces territoires : pêche (dont pêche crevettière), aquaculture, environnement, géosciences…

« Présent depuis près de 50 ans en Guyane et aux Antilles françaises, l’Ifremer est en prise directe avec les problématiques qui touchent ces territoires, souligne François Houllier. Nos équipes sont sur le terrain au quotidien. Elles apportent leur expertise et aident les acteurs publics à prendre des décisions éclairées par la science. Le changement climatique oblige aujourd’hui la communauté scientifique à redoubler d’efforts et à travailler de manière plus coordonnée avec la sphère politique et la société civile afin de trouver ensemble des solutions pour répondre aux grands défis de la planète. Particulièrement exposés aux conséquences du changement climatique, les territoires d’outre-mer seront au cœur du programme prioritaire de recherche « Océan et Climat » annoncé par le Président de la république lors des Assises de la Mer et piloté par l’Ifremer et le CNRS ».

Dans cette idée de renforcement des partenariats, l’Ifremer travaille étroitement avec le CNRS, l’IRD et l’Université de Guyane depuis la création du laboratoire « Ecologie, Evolution, Interactions des systèmes amazoniens » (UMSR Leeisa). Aux Antilles françaises, l’unité « Biodiversité et environnement » de l’Ifremer met son expertise sur la qualité du milieu littoral au service du Parc naturel marin de Martinique et de ses partenaires institutionnels.

L’Ifremer dans les Antilles françaises

Présent aux Antilles depuis 1970, l’Ifremer compte à ce jour une équipe de 16 personnes dans la station située au Robert en Martinique. Historiquement centrée sur la pêche et l’aquaculture, son activité s’ouvre désormais à l’étude de l’environnement littoral de Martinique et de Guadeloupe.
Équipée d’une grande plate-forme expérimentale, la station apporte son expertise sur des projets d’aquaculture. En réponse aux problématiques actuelles, elle développera dès cette année, des études sur la physiologie des sargasses.

Consultez le site internet de la délégation Ifremer des Antilles françaises

Contribuer à la gestion durable des espèces pêchées

L’exploitation durable des ressources halieutiques est un enjeu majeur pour la Guadeloupe et la Martinique. En appui aux politiques publiques, l’Ifremer opère le suivi des activités de pêche et centralise les données au sein du Système d’informations halieutiques (SIH).

Il développe des méthodes pour évaluer l’état des populations pêchées en Martinique et en Guadeloupe dans le contexte de la pêche dite « multispécifique » pratiquée par les bateaux qui ciblent plusieurs espèces. De ces résultats émergent des recommandations de gestion adaptées à l’activité des pêcheurs et à la protection des espèces les plus vulnérables.

L’Ifremer contribue également à évaluer la durabilité de l’exploitation des ressources halieutiques à travers des projets sur les impacts des dispositifs concentrateurs de poissons, ces bouées ancrées au large qui attirent les grands pélagiques (marlin bleu, thon à nageoires jaunes, thunninis, dorade coryphène…).

Côté aquaculture, l’équipe de la station gère les stocks de reproducteurs d’ombrine ocellée (Sciaenops ocellatus), le seul poisson marin élevé à ce jour aux Antilles françaises, et fournit les larves aux écloseries. Les nouvelles recherches s’orientent vers une diversification de l’aquaculture par des travaux sur la maîtrise de nouvelles d’espèces autochtones.

Consulter les fiches : « Les dispositifs concentrateurs de poissons ancrés peuvent-ils être durables ? » I « Estimer les stocks multi-espèces » I « Le suivi de la pêche dans les Antilles » I « Diversifier la pisciculture marine en Martinique »

Veiller à la qualité du milieu marin

L’Ifremer a un rôle d’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès des Offices de l’eau de Martinique et de Guadeloupe, dans le cadre de la Directive cadre européenne sur l’eau (DCE). Il apporte un appui à la coordination des réseaux de surveillance de la qualité des eaux littorales et de transition, une expertise scientifique, une assistance à la bancarisation, à la gestion et à la mise à disposition des données recueillies.

Consulter la fiche « Aider à la surveillance de la qualité du milieu marin »

Comprendre les phénomènes impactant le milieu marin : échouement de sargasses, pollution au chlordécone et développement de microalgues toxiques

Sollicité par les pouvoirs publics, l’Ifremer apporte son expertise pour comprendre et aider à la mise en œuvre de solutions efficaces contre des phénomènes plus ou moins récents qui impactent le milieu marin et les populations de ces îles. L’équipe travaille ainsi à affiner les connaissances sur les microalgues responsables de la ciguatera, une intoxication alimentaire due à la consommation de certains poissons. Elle étudie également les conséquences écologiques des échouements massifs de sargasses et les impacts du chlordécone sur la faune halieutique et le milieu marin.

Consulter les fiches « Recherche des microalgues responsables de la ciguatera » I « Trouver des solutions face aux proliférations de sargasses » I « La contamination du milieu marin par le chlordécone »

Aider à mieux gérer les risques naturels

Les pays des Caraïbes, et notamment les îles, sont fortement exposés aux risques côtiers. Dans le cadre du projet européen Interreg Carib-Coast, dont l’objectif est de mutualiser, co-construire et diffuser les connaissances et démarches de gestion des risques côtiers dans la Caraïbe en lien avec le changement climatique, l’Ifremer contribue au développement de modèles de courantologie autour des îles de la Martinique et de la Guadeloupe. L’Ifremer étudie également la structure de la zone de subduction des Petites Antilles afin de mieux évaluer les risques de séismes.

Consulter les fiches « Mieux connaitre la courantologie en Martinique et en Guadeloupe » I « Les Antilles, une zone de subduction avec des séismes rares »

L’Ifremer en Guyane

L’Ifremer est présent en Guyane depuis 1971. L’activité des 8 personnes présentes se concentre essentiellement sur l’étude des ressources halieutiques. L’équipe s’intéresse à la compréhension de la dynamique des populations pêchées et des pêcheries, à l’état biologique des écosystèmes marins sous la pression de la pêche et du changement global.

Consultez le site internet de la délégation Ifremer de Guyane

Connaître les ressources et les pratiques de pêche

L’Ifremer a pour mission de suivre l’activité des navires de pêche côtière afin de mieux connaître l’effort de pêche subi par les populations de poissons et crustacés. Pour mieux estimer leur abondance et leur vulnérabilité, il travaille actuellement à intégrer de nouvelles méthodes adaptées à la pêche multispécifique, c’est-à-dire aux bateaux qui ne ciblent pas qu’une seule espèce ; il mène aussi des recherches sur l’évaluation des stocks de crevettes, une ressource d’une grande importance économique en Guyane. L’objectif étant de savoir s’il est pertinent de renouveler les bateaux vieillissants.

L’inventaire des espèces de poissons marins et estuariens étant incomplet et comportant des erreurs, il a été décidé de créer une base de données génétiques de référence. Elle facilitera l’identification des espèces (surtout de leurs larves) et pourrait permettre à long terme d’effectuer des inventaires non pas par capture, mais en récoltant des échantillons d’ADN environnemental.

Un autre projet vise à démêler les effets de la surpêche et du changement climatique sur la biodiversité marine. La Guyane est un cas d’étude intéressant car la température de l’eau a augmenté d’environ 1°C depuis 1990 alors que, dans le même temps, la pression de pêche a fortement diminué. Ceci donne une opportunité rare d’étudier comment les peuplements de poissons réagissent à une diminution de la pression de pêche dans un contexte de réchauffement climatique.

Consulter les fiches : « Évaluer les stocks de crevettes » I « L’activité de pêche en Guyane » I « Des méthodes adaptées aux pêcheries multi-espèces » I « La diminution de la pêche a permis la restructuration des peuplements de poissons » I « Créer une base de données génétiques de référence des poissons de Guyane »

Percer les secrets des mangroves

Les mangroves bordent la plus grande partie des côtes et des estuaires de Guyane. Très riches en biodiversité, elles rendent de nombreux services non seulement à l’homme - protection contre l’érosion, assainissement des eaux usées, stockage du carbone… - mais aussi aux autres espèces. Elles fournissent abri et nourriture aux poissons à leurs premiers stades de vie.
Malgré leur importance, ces habitats sont encore peu connus. Deux projets sont en cours pour mieux connaître ces écosystèmes et leur fonctionnement.

Consulter la fiche : « Mieux connaître les écosystèmes côtiers pour les protéger »

Comprendre la naissance de l’océan Atlantique

C’est dans le cadre du programme Extraplac pour l’extension juridique du plateau continental, dans le cadre de la Convention sur le droit de la mer, que les études de la marge continentale de Guyane ont démarré. Elles ont permis d’agrandir la ZEE de la France de 72 000 km2 et ont conduit les scientifiques à poursuivre leurs recherches sur la géologie du plateau guyanais et notamment le plateau de Démérara. Situé à la jonction entre l’Atlantique central nord et l’Atlantique équatorial, c’est un endroit-clé pour comprendre la formation initiale de l’océan Atlantique.

Consulter la fiche : « Un témoin de l’ouverture de l’océan Atlantique ».