Retour sur le symposium MSEAS 2016
Comprendre les systèmes socio-écologiques marins en incluant les dimensions humaines dans l’évaluation intégrée des écosystèmes « Understanding Marine Socio-Ecological Systems including human dimension in integrated ecosystem assessment »
La mer est une source d’énergie, de biens et de services, et en tant que vecteur de transit maritime, un composant essentiel au développement économique mondial. Un nombre croissant d’études conduites ces dix dernières années ont mis l’accent sur les causes et les conséquences de la dégradation des écosystèmes marins. Le défi majeur, aujourd’hui, est de permettre l’évolution actuelle et future des activités maritimes, tout en garantissant leur viabilité à long terme d’un point de vue écologique, économique et social.
Quand l’interdisciplinarité s’en mêle
Qu’obtient-on quand un juriste, un modélisateur, un économiste, un physicien, un sociologue et un écologiste parlent de l’océan ? Une conversation intéressante, sans aucun doute, mais surtout des regards croisés enrichissants sur les choix collectifs auxquels la société est aujourd’hui confrontée, en matière d’exploitation des richesses de la mer. C’était précisément l’objectif du symposium MSEAS 2016 qui s’est déroulé du 30 mai au 3 juin à Brest : établir un dialogue interdisciplinaire et international, sur la manière d’inclure la dimension humaine dans la recherche en soutien à l’exploitation à long terme des écosystèmes marins et côtiers.
Le Symposium, organisé par l’unité AMURE[1] (Aménagement des Usages des Ressources et des Espaces marins et littoraux) et soutenu par le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) et l’Organisation pour la recherche marine du Pacifique Nord (PICES) a rassemblé 240 participants (chercheurs, post doc, étudiants, industriels, etc.) de 28 pays différents, provenant de 98 organismes de recherche et universités. Le symposium a conduit à de riches échanges sur la nécessaire interdisciplinarité des collaborations pour mieux appréhender les utilisations diverses de l’océan, leurs interactions avec le fonctionnement des écosystèmes marins, et l’évaluation des enjeux écologiques, économiques et sociaux associés.
Une participation d’experts de renommée mondiale
Le Dr Serge Garcia, ancien directeur du département des pêcheries du FAO (Italie) a mis en avant les besoins de recherche pour l’exploitation des océans en prenant en compte la dimension humaine ; le Dr Beth Fulton (CSIRO, Australie), expert en modélisation des systèmes socio-écologiques marins, a présenté les avancées récentes dans ce domaine ; le Dr Linwood Pendleton (UBO-AMURE, France) coordinateur du Marine Ecosystem Partnership, a donné une présentation sur la nécessité de créer des indicateurs pour l’évaluation des systèmes socio-écologiques marins ; le Pr Anthony Charles (Univ. Halifax, Canada) a éoqué l’intérêt des partenariats entre scientifiques et parties prenantes ; le Dr Jake Rice, ancien directeur scientifique du département Canadien des pêcheries et des océans, a mis l’accent sur l’importance des systèmes de gouvernance pour une exploitation durable des océans ; le Pr Edward Allison (Univ. Washington, USA) a présenté ses recherches de terrain à l’interface entre considérations humaines et compréhension des écosystèmes. Pour finir, le Pr Simon Levin (Univ. Princeton, USA) a souligné les similarités entre les systèmes vivants et l’organisation sociale qui gouverne les activités humaines.
Cinq sessions parallèles, plus de 170 communications orales
Durant une semaine, en s’appuyant sur une diversité d’expériences pratiques, les participants ont pu débattre sur les méthodes et outils permettant de construire de nouveaux scénarios pour les socio-écosystèmes marins et les mesures de durabilité de l’économie bleue, mais également sur les défis et les opportunités de la recherche partenariale, et sur les systèmes de gouvernance pour une meilleure intégration des connaissances scientifiques dans les processus de décision. L’humour était également de la partie, avec l’aide d’un dessinateur professionnel qui « croquait » en images les débats entre participants.
Le workshop des jeunes chercheurs : lieu privilégié pour le dialogue
Trois sessions ont été organisées par 4 jeunes chercheurs d’AMURE et de l’IMARES (Institut pour les Ressources Marines et l’Etude des Ecosystèmes) pour permettre à de jeunes scientifiques de présenter leurs travaux, leurs idées, poser leurs questions et interagir avec un groupe de 17 chercheurs expérimentés internationaux.
Et maintenant ?
Au vu du succès de cette première édition internationale, les participants ont suggéré qu’il serait intéressant de donner suite à ce symposium en organisant un nouveau colloque dans 3 ans, MSEAS 2019. L’opportunité d’établir un réseau d’initiatives internationales a aussi été discutée, avec pour but de connecter des activités existantes à travers le CIEM et le PICES et d’autres organisations incluant l’Ifremer, l’Université de Bretagne Occidentale, la NOAA (The National Oceanic and Atmospheric Administration - USA) et le CSIRO (The Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation - Australie).
[1] AMURE, Centre de recherche en économie et droit de la mer, est une unité mixte de recherche Ifremer- UBO- CNRS