Le Projet Pechalo écrit des scenarios d’avenir pour le merlu
Constatant l’état dégradé des populations de merlu dans le golfe du Lion, l’Ifremer et l’Association méditerranéenne des organisations de producteurs (AMOP) ont uni leurs efforts au sein du projet PECHALO (Pêcherie Chalutière d’Occitanie), qui s’est terminé au printemps 2020. Ensemble, ils ont réfléchi à la modélisation des meilleurs scenarios possibles pour redorer l’avenir du merlu en Méditerranée. Les solutions de réduction de l’effort de pêche se distinguent par leur plus grande efficacité.
Dans le golfe du Lion, le mauvais état des populations de petits pélagiques a eu pour effet une réorientation de la pêche chalutière vers le merlu. Cette augmentation de la pression de pêche sur un stock déjà fortement ciblé par les pêcheries espagnoles et françaises a eu des conséquences négatives sur la santé des populations, dont le niveau d’exploitation est actuellement quatre fois supérieur au seuil estimé comme durable selon les évaluations conduites par les chercheurs de l’Ifremer. « C’est une population fragilisée car ce poisson de grosse taille par rapport aux autres espèces commerciales est pêché très petit, le plus souvent avant d’avoir eu le temps de se reproduire » explique Sandrine Vaz, chercheuse à l’Ifremer et responsable du Laboratoire halieutique de Méditerranée.
Nouvelle vague de projets scientifiques : chercheurs et pêcheurs sur le pont
Pour enrayer cette dégradation du stock de merlu dans les eaux françaises, de nouvelles mesures complémentaires ont été étudiées dès 2018 afin d’assurer une exploitation au Rendement Maximum Durable, qui garantit que le taux des individus prélevés n’entrave pas la capacité de renouvellement de l’ensemble de la population. Un premier projet, le projet GALION, co-développé dès 2016 par l’Ifremer et les professionnels de la pêche (France Filière Pêche et l’Association Méditerranéenne des Organisations de Producteurs), avait déjà permis d’évaluer les effets des mesures de gestion sur les pêcheries. À cette fin les chercheurs de l’Ifremer ont conçu un modèle informatique utilisant la plate-forme ISIS-Fish, un outil de simulation mis au point par les équipes de l’institut.
Un nouveau projet, PECHALO, a prolongé le travail engagé en enrichissant le modèle avec l’intégration de données économiques (valeurs des captures, coût du carburant). « L’idée était d’évaluer simultanément les variations de la biomasse de merlu, des captures par pays et des revenus générés pour les flottilles chalutières françaises à court terme (1 an après la mise en place du scénario) mais aussi à moyen terme (5 ans après l’application du scénario) » détaille Sandrine Vaz. Seize scenarios ont été étudiés sur la période 2017-2025 explorant différentes options de gestion entre fermetures spatio-temporelles de zones de pêche, réductions de l’effort de pêche ou encore réductions des frais de carburant.
Moins de jours en mer : le scenario gagnant à moyen terme
Les conclusions du projet viennent d’être publiées. « Il en ressort qu’aucun scenario de fermetures de zones ne permet à la fois une augmentation des revenus des flottilles françaises et de la biomasse des merlus, révèle Sandrine Vaz. A contrario les scenarios de réduction d’effort, c’est-à-dire basés sur une diminution des jours de pêche, semblent les plus efficaces pour provoquer à la fois des gains biologiques immédiats dans la population de merlu tout en assurant des gains économiques à moyen terme pour la pêcherie. »
Les premières prévisions incitent même à un certain optimisme si on retient l’option de réduction de l’effort de pêche. « L’année qui suit la mise en place de la mesure se traduit par des pertes de captures et de revenus pour les pêcheurs mais des évolutions positives semblent intervenir dès la seconde année aussi bien pour la biomasse de merlu que pour les revenus des pêcheurs ».
Si les simulations obtenues lors de ce projet se révèlent exactes, on peut espérer que les mesures de réduction d’effort actuellement engagées dans le cadre du plan de gestion pluriannuel européen portent rapidement leurs fruits et permettent, à l’instar du merlu Atlantique, une remontée de la population et une exploitation durable du merlu méditerranéen.