L’observation des océans, clé de la compréhension du changement climatique, en question à Brest du 10 au 12 octobre.

L’observation et l’acquisition de données scientifiques, en série temporelle, sur le long terme et en de multiples points, conditionnent notre niveau de connaissances de l’océan. « On en saurait moins sur lui que sur la surface de la lune », lit-on souvent. Une raison à cela, les premiers réseaux d’observation automatisés ont été mis en place il y a seulement 40 ans. La thématique est donc récente mais se déploie aussi vite que les bonds technologiques et les moyens financiers le permettent. Pour la communauté scientifique européenne et internationale, désireuse d’être en capacité de répondre aux questions liées aux changements en cours, il y a urgence à mieux maîtriser ces données et à se coordonner. Cette question sera au cœur du colloque organisé conjointement par les Infrastructures de Recherche JERICO-NEXT, EMSO-ERIC, ATLANTOS et ENVRIplus, qui regroupe une centaine de personnes.

 

L’observation de l’océan, un enjeu majeur

Aujourd’hui, différentes communautés scientifiques en Europe ont pour mission d’observer l’océan. Elles se distinguent par l’angle choisi, selon qu’elles étudient l’océan côtier ou plutôt le large (transatlantique), ou encore la colonne d’eau (de la surface jusqu’au fond de mer). Mais elles œuvrent en étroite collaboration car elles ont bien compris qu’elles devaient se fédérer pour optimiser les moyens humains et les techniques d’observation, et éviter une concurrence inutile entre états membres.

Grâce au soutien de la Communauté Européenne, elles disposent depuis peu de différents réseaux d’observation spécialisés, repartis dans les mers du pourtour européen :

  • AtlantOS est un projet européen visant la mise en place d’un réseau d’observation coordonné entre l’Europe et les pays transatlantiques, permettant de mieux comprendre et gérer les défis auxquels nous sommes confrontés en raison des changements environnementaux en fournissant les informations nécessaires pour évaluer les tendances actuelles et prédire les futurs scénarios. AtlantOS regroupe 62 partenaires de 18 pays dont 5 non-européens. https://www.atlantos-h2020.eu/
  • JERICO-NEXT est le projet européen dédié aux systèmes d’observations des zones côtières d’Europe. Il regroupe 34 instituts de 15 pays http://www.jerico-ri.eu/
  • EMSO est une infrastructure de recherche pan-européenne, pérenne, basée sur l’intégration de plateformes fixes d’observation dans la durée de l’océan profond, déployées sur des endroits clé des mers européennes, en fond de mer et dans la colonne d’eau. L’enjeu principal d’EMSO est d’acquérir des mesures de paramètres physiques et environnementaux à une résolution jamais atteinte. Ces données sont interprétées ou alimentent des modèles permettant de décrire et mieux comprendre le changement global, les risques naturels et les écosystèmes des grands fonds. http://emso.eu/
  • ENVRIplus est un projet Européen qui regroupe des infrastructures, des projets et des réseaux de recherche sur l'environnement et les systèmes terrestres, marins, et atmosphériques afin de créer un cluster cohérent, interdisciplinaire et interopérable d'infrastructures de recherche environnementale en Europe. http://www.envriplus.eu/

 

Le défi de l’observation : harmoniser la qualité des données

Rendre les données homogènes, exploitables et accessibles est le prochain challenge à relever par les scientifiques : les données collectées par exemple par l’Angleterre doivent être comparables aux données collectées par la France, donc être soumises aux mêmes procédures de traitement et de qualification.

Ce travail d’harmonisation est déjà réalisé au sein des communautés scientifiques rassemblées dans les projets mentionnés plus haut. A présent, il est impératif d’aller plus loin : les différentes entités se doivent d’harmoniser entre elles les méthodes de collecte, de qualification et de diffusion des données pour alimenter les bases en données inter-comparables. C’est bien l’objectif de ce colloque.

 

Et demain, créer une infrastructure européenne de recherche dédiée à l’observation des océans ?

L’utilité des systèmes d'observation de l'océan (côtier, hauturier, grande profondeur, etc.) est d’une telle importance pour la prévision océanique et météorologique à différentes échelles de temps (quotidienne, saisonnière, décennale), mesurer l’impact du changement climatique sur l’océan que la question de sa pérennité est pertinente. A l’instar d’EMSO déjà constitué en Infrastructure de Recherche Européenne, rassembler les acteurs des projets JERICO-NEXT, ENVRI et AtlantOS sous le statut « d’Infrastructure de Recherche » (IR), tel le Synchrotron SOLEIL à Grenoble,  faciliterait l’harmonisation des usages et permettrait d’apporter une solution de financement pérenne. « Les infrastructures de recherche européennes sont des outils au service de toutes les disciplines scientifiques. Elles se traduisent par une très grande diversité́ et sont indispensables à l’avancée des connaissances pour une science moderne. » (“LES TRÈS GRANDES INFRASTRUCTURES DE RECHERCHE, Feuille de route française, Edition 2018”)

 

Le colloque est organisé à Brest (à la CCI et au centre Ifremer) par :

Ifremer​: Jérôme Blandin, Ingrid Puillat, Laurent Delauney, Virginie Thierry, Chantal Compère; HCMR: George Petihakis, Manolis Ntoumas; OGS: Rajesh Nair; HZG: ​Wilhelm Petersen; GeoMar:​ Eric Achterberg; CNRS:​ Mathilde Cannat, Déborah Chavrit; UPC:​ Joaquin del Rio.

Programme disponible ci-contre (en anglais).