Pêche et obligation de débarquement : quels impacts sur la ressource ?
Un projet européen intitulé DiscardLess (zéro rejet) vise à proposer des solutions pour réduire les rejets en mer. Il se termine en janvier 2019, alors que l’obligation de débarquement sera généralisée pour l’ensemble des pêcheries à l’échelle de l’Europe. L’Ifremer a contribué sur plusieurs volets de ce projet, en travaillant sur les pêcheries mixtes de la Manche Est, de la Mer Celtique et du Golfe du Lion. La restitution nationale du projet a eu lieu mercredi 7 novembre à Paris, au Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) sous l’égide du pôle de compétitivité AQUIMER.
La Politique commune de la pêche (PCP) a mis en place une obligation de débarquement qui sera généralisée dès le 1e janvier 2019. Dans un objectif de gestion durable des ressources, elle vise à mettre un terme à la pratique consistant à rejeter en mer les captures non désirées de poissons. Cette pratique de rejet concerne les captures trop petites, les espèces non commercialisables, ou encore les espèces à faible prix de vente ou pour lesquels les pêcheurs ne bénéficient pas de quotas. L’obligation mise en place porte sur les stocks de poisson soumis à quotas européens ou, pour la Méditerranée, ceux pour lesquels des tailles minimales de capture sont définis. Concrètement, toutes les prises doivent être conservées à bord par les pêcheurs, débarquées, et imputées aux quotas. Cette obligation concerne en premier lieu les pêcheries mixtes, qui ciblent plusieurs espèces, et qui sont particulièrement développées pour les espèces de poisson dites démersales, vivant près du fond marin.
Dans le cadre du projet DiscardLess, l’Ifremer a obtenu deux résultats majeurs grâce à ses outils de simulation. D’une part, les flux de rejet représentent une source d’alimentation négligeable pour l’écosystème, leur arrêt aura donc très peu d’effet pour les espèces qui s’en nourrissent. D’autre part, les calculs théoriques montrent que les effets majeurs de l’obligation de débarquement concerneraient des baisses de mortalité par pêche liées au phénomène « d’espèces limitantes ». Ces espèces limitantes, dans les pêcheries mixtes, représentent les stocks dont le quota est le plus rapidement atteint. Une fois le quota dépassé, les captures étaient jusqu’alors rejetées. Mais dans le cadre de l’obligation de débarquement, la pêche devra être interrompue dès le premier quota de capture atteint, s’il y a risque de captures conjointes d’autres stocks.
L’Ifremer a également développé des outils cartographiques permettant d’identifier les zones de forts rejets en Mer Celtique et en Manche Est, et une interface pour la Manche Est à destination des professionnels de la pêche, permettant d’explorer différentes stratégies de pêche de manière interactive.
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