Énergies marines renouvelables : les projets s’enchaînent
Sortie de l’eau d’une hydrolienne, mise en place d’une éolienne flottante et début d’un projet de recherche : avril 2019 a été riche en actualités autour des énergies marines renouvelables pour l’Ifremer.
Après deux mois de test à l’embouchure de la rivière d’Étel, dans le Morbihan, l’hydrolienne conçue par l’entreprise brestoise Guinard énergies[1] a été ressortie de l’eau le 29 avril. Cette hydrolienne a une particularité : elle s’oriente selon les courants. « Contrairement à d’autres modèles d’hydroliennes, elle ne fonctionne pas dans les deux sens mais pivote sur un axe fixe pour s’orienter face aux courants, explique Marc Le Boulluec, ingénieur à l’Ifremer, dans le laboratoire Comportement des structures en mer. Ceci devrait augmenter ses performances, car les courants de marée descendante et montante ne sont souvent pas rigoureusement alignés. » L’Ifremer participe au projet sur plusieurs aspects : mesure des courants, test de peintures antifouling, qui évitent la fixation d’algues ou de coquillages, et plongées afin de caractériser la nature du fond et vérifier la pose correcte du câble. Les résultats sont en cours d’analyse, mais on sait déjà une chose : le prototype tourne bien, comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous.
Deuxième test en mer pour l’éolienne d’Eolink
Autre projet, cette fois hors de l’eau : le prototype d’éolienne flottante conçue par Eolink[2] a été ancré le 30 avril dans le site d’essai en mer de l’Ifremer près de Brest. L'institut est partenaire de ce projet depuis plusieurs années.
L’éolienne flottante peut pivoter autour de son point d’ancrage, pour faire face au vent. L’essai devrait durer jusqu’à l’automne. L’éolienne testée est dix fois plus petite que celles envisagées par l’entreprise Eolink pour la haute mer. Ce dimensionnement est proportionnel à la hauteur des vagues sur le site d’essai, dix fois plus petites qu’au large. Le prototype avait déjà été testé l’année dernière. Ces essais ont permis d’accumuler des données, qui seront complétées lors de cette seconde campagne. Certains aspects du prototype ont été modifiés, comme la suppression de plaques conçues lors du premier essai pour stabiliser l’éolienne. L’ancrage a également été optimisé, notamment au niveau du connecteur tournant, une pièce maîtresse pour faire passer l’électricité et les données.
Faire la jonction pour que tout tourne
Le connecteur est justement le thème d’un projet de recherche lancé le 1er avril dernier. Caché sous l’eau, il joue pourtant un rôle essentiel. Sans lui, le câble risquerait de se rompre à force de tourner avec la structure flottante. Un peu comme lorsque l’on entortille trop les fils d’un casque audio… à ceci près que le câble en question devra en plus supporter un courant de dix mégawatts ! L’objectif du projet est de concevoir un joint tournant, capable de pivoter tout en transmettant l’électricité et des données. Parmi les partenaires du projet, on retrouve les entreprises Eolink, pour ses futures éoliennes à forte puissance, et Geps Techno[3], conceptrice de bouées alimentées par les énergies de la houle et photovoltaïque. L’Ifremer est doublement concerné : en plus d’être partenaire de ces deux innovations, il est confronté au même problème pour les câbles qui transmettent les données récoltées par les instruments scientifiques placés en mer. Une société britannique, Tension Technology International, spécialisée dans les amarres, complète l’équipe. Le projet est baptisé TIM (Toward an industrialized single point mooring system, en français : vers un système d’ancrage à point unique industrialisé). Il est prévu pour deux ans et est piloté par l'entreprise Geps Techno. Il comportera une phase de modélisation, puis de conception de prototypes et enfin des essais en mer.
[1] Entreprise spécialisée dans la conception d’hydroliennes destinées aux estuaires et aux cours d’eau.
[2] Entreprise basée près de Brest qui a breveté un concept d’éolienne flottante à quatre mâts.
[3] Société de Loire-Atlantique spécialisée dans la récupération des énergies marines et la stabilisation de structures flottantes.