Quand la génétique fait briller la perle de Tahiti
Décrypter le processus de formation de la perle de culture polynésienne grâce à un travail de sélection génétique à l’échelle expérimentale, c’est possible ! Des scientifiques l’ont montré dans un article publié en juillet 2016 dans la revue internationale Animal Genetics, et dont l’auteur principal travaille au Centre Ifremer du Pacifique.
Avec plus de 500 producteurs, 1300 emplois directs et une part représentant 70% des exportations locales, la perliculture est une activité essentielle à l’économie de la Polynésie française. Elle constitue la seconde activité aquacole française (après l’ostréiculture) et la seconde source de revenus du territoire polynésien derrière le tourisme. Le Centre Ifremer du Pacifique, situé sur la presqu’île de Tahiti, met son expertise scientifique et technique au service de la filière perlicole de Polynésie française et étudie la Pinctada margaritifera, également appelée huître perlière à lèvres noires, présente en abondance dans les lagons polynésiens. « Cette espèce est réputée pour la gamme de couleurs très large de ses perles. Sa culture repose encore aujourd’hui sur la collecte de naissains issus de stocks sauvages », explique Chin-Long Ky, chercheur en génétique à l’Ifremer, qui a publié avec quatre autres auteurs un article dans la revue internationale Animal Genetics [1] en juillet dernier.
Cette étude s'intègre dans les projets sur la génétique de l'huître perlière menés par l'unité Ressources Marines en Polynésie française (RMPF), Unité Mixte de Recherche 241 "Écosystèmes Insulaires Océaniens" (Université de la Polynésie française, Institut Louis Malardé, IRD, Ifremer) et les travaux ont été initiés en 2007 au sein du groupement de recherche "ADEQUA" (2008-2012), et cofinancés par le gouvernement de la Polynésie française.
A la recherche d’huîtres aux couleurs rares
Dans le but d’améliorer la couleur et le lustre des perles produites, les scientifiques ont travaillé sur des spécimens de Pinctada margaritifera très particuliers. « Avec l’aide d’un vaste réseau de producteurs, nous collectons des huîtres présentant des caractères biologiques peu communs : coquille rouge, blanche ou chair orange », précise Chin-Long Ky. L’espèce est habituellement noire mais certains coquillages présentent des variantes de couleurs rares. Utilisés en tant que donneurs de greffon dans l’industrie perlière, ces spécimens transmettent des colorations particulières aux gemmes produites et présentent ainsi un réel potentiel pour le secteur.
[1] Ky CL, Nakasai S, Pommier S, Sham Koua M, Devaux D, 2016. The Mendelian inheritance of rare flesh and shell colour variants in the black-lipped pearl oyster (Pinctada margaritifera). Animal Genetics 47:610-4.