De petites algues rouges nous révèleront l’évolution du climat en Bretagne depuis 2000 ans
Le deuxième volet de la campagne Pepite, qui débute aujourd’hui dans le Finistère, part explorer des tapis d’algues rouges calcifiées (dénommées maërl) pour comprendre les évolutions de la sédimentation et du climat mais aussi les impacts anthropiques des deux derniers millénaires en Bretagne.
Le maërl est une algue rouge avec un squelette calcaire, qu’on retrouve particulièrement sur le littoral breton. Outre sa richesse en termes d’habitat marin, le maërl peut être un indicateur pour les scientifiques des changements climatiques qui ont affecté nos côtes depuis l’âge de fer il y a plus de 2000 ans. « Le maërl peut être fossilisé au cours du temps sous la forme de fins graviers qu’on retrouve dans les couches sédimentaires », précise Axel Ehrhold, géologue marin à l’Ifremer et chef de la mission Pepite (Paléo-écologie et paléo-environnement du maërl en Bretagne à l’holocène).
L’apparition et la disparition du maërl sont étroitement liées aux épisodes climatiques majeurs qui ont affecté l’Europe du Nord, et à l’impact de l’homme sur son environnement : agriculture, déforestation, aménagement des cours d’eau, aménagements côtiers, extraction de sable, pêche...
Plusieurs périodes de colonisation du maërl ont déjà été montrées en rade de Brest au cours de périodes froides, comme le petit âge glaciaire au moyen-âge. « Ces périodes sont caractérisées par une température de l’eau plus fraîche, des pluies moins abondantes, moins de sédiments provenant des rivières, et donc moins de turbidité », explique Axel Ehrhold. Les espèces qui composent le maërl se développent à faible profondeur, avec de la lumière.
Cartographie fine en avril, carottages d’ici début juin
A des profondeurs comprises entre 2 et 15 m, le premier volet de la campagne Pepite, mené au cours de la 1e quinzaine d’avril, a permis de cartographier totalement les bancs de maërl, à une proximité inédite des plages, grâce à la vedette océanographique Haliotis. La campagne s’est concentrée sur trois sites : baie de Morlaix (nord Finistère), bordure littorale entre Concarneau et la pointe de Trévignon (sud Finistère), et secteur de Belle-Ile en mer.
La deuxième mission, qui commence aujourd’hui et se terminera le 1e juin, permettra d’effectuer des carottages longs de plusieurs mètres. « Une vingtaine de carottes sont prévues par site », souligne Axel Ehrhold. La campagne se déroule à bord du navire côtier Thalia, faisant également partie de la Flotte océanographique française opérée par l’Ifremer. Cette campagne Pepite s’appuie sur des recherches initiées en 2014 en rade de Brest, avec une collection de carottes ayant permis de déceler la présence de maërl à faible profondeur.
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