Impact changement climatique: les effets de l’acidification testés en Bretagne et en Polynésie
L’acidification des océans est une réalité scientifique établie. Comment les huîtres et les poissons s’adaptent-ils à ce phénomène qui devrait s’accentuer ? Des essais sont actuellement menés sur deux générations d’animaux (une génération exposée et sa descendance) dans les bassins de l’Ifremer pour répondre à cette question.
L’acidification de l’océan résulte de la dissolution du CO2 émis par les activités humaines. L’impact sur la biodiversité marine a déjà été étudié au moins en laboratoire, mais peu d’expérimentations ont porté à ce jour sur les capacités d’adaptation des espèces. Grâce à deux projets gérés par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB)*, des essais ont lieu en bassin sur des lots d’huîtres et de poissons.
Concernant les huîtres, il s’agit de deux espèces, l’une tempérée et l’autre tropicale : l’huître creuse et l’huître perlière. Dans les bassins du site Ifremer d’Argenton (Finistère) et de Tahiti (Polynésie française), les géniteurs et leurs descendants sont exposés à des conditions d’acidification et de température correspondant aux conditions actuelles et aux projections du GIEC pour 2100 (avec un pH diminué de 0,3 unité et une température augmentée de 3°C). L’objectif est d’étudier l’ensemble du cycle de vie de l’huître : c’est-à-dire les parents, les gamètes, les larves et les jeunes naissains. Des effets négatifs liés à l’augmentation de l’acidité ont d’ores et déjà été observés sur la capacité des huîtres à résister aux maladies (projet ANR Gigassat).
Pour ce qui est des poissons, des essais en bassin sur le centre Ifremer Bretagne ont été initiés dès 2013 avec différents niveaux de pH correspondant là-aussi aux prévisions du GIEC, d’ici 2050 et 2100. Les premiers résultats montrent un impact notamment au niveau de la maturation sexuelle des poissons plus précoce pour les pH plus faibles, plus particulièrement pour les femelles. L’acidification pourrait ainsi influencer le système endocrinien qui contrôle la maturation sexuelle. Les essais se poursuivent en 2018 sur la deuxième génération, avec une ponte qui a eu lieu début mars.
*Le projet Pacio (Réponses physiologiques et adaptatives des poissons à l’acidification des océans) est mené par l’UBO et l’Ifremer (UMR LEMAR), avec l’institut Alfred Wegener et l’Université de Hambourg. Il a commencé en 2017 et se terminera en 2020.
Le projet AiAiAi (Acidification, acclimatation et adaptation des mollusques bivalves) est porté par l’Ifremer (également dans le cadre de l’UMR LEMAR).