8 février - Focus sur les siboglinidés

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Les écosystèmes d’émissions de fluides froids, tout comme ceux des sources hydrothermales, abritent de denses communautés de vers polychètes siboglinidés. Ces vers, qui peuvent atteindre des tailles spectaculaires, sont particuliers. Ils n’ont ni bouche, ni système digestif, ni anus. Ils se nourrissent grâce à une symbiose avec des bactéries qu’ils abritent à l’intérieur de leurs corps. Ces bactéries sulfo-oxydantes utilisent l’hydrogène sulfuré (H2S) du milieu environnant pour croître et survivre. Le ver leur apporte ce composé chimique via ses branchies ou ses racines qui baignent dans les fluides environnants. A leur tour, les bactéries fournissent aux vers les molécules organiques nécessaires à leur croissance. C’est ce qu’on appelle une symbiose : une association étroite et durable entre deux espèces dont chacune tire bénéfice. L’espèce présente sur ce site, décrite par trois de nos scientifiques à bord, s’appelle Escarpia southwardae.

L’un des objectifs majeurs de cette plongée est d'échantillonner de façon quantitative les buissons formés par ces vers sur le pockmark REGAB. Pour ce faire, Victor 6000 a déployé un instrument vraiment étrange, développé par nos collègues américains de Penn State University : le "bush master" littéralement le "maître du buisson" ! Ce grand panier, relié hydroliquement au sous-marin, est posé sur le dessus d’un buisson de vers. Lorsqu’il est bien positionné, il est fermé à sa base, enfermant les Escarpias et toute la communauté de petits organismes associés aux vers : crevettes, vers, gastéropodes, galathées, etc.

La récolte est fructueuse, ramenant plus de plus de 450 vers qui ont été dénombrés et mesurés minutieusement par Dominique et Pen-Yuan, les deux étudiants en thèse de Penn State intéressés par cet échantillon. Les organismes ont ensuite été conditionnés pour des études ultérieures au laboratoire. L’un de leurs objectifs est d’essayer de comprendre les relations génétiques de cette espèce avec celle du Golfe du Mexique qui en est très proche.

Nous terminons notre visite de l’équipage tout en haut du Pourquoi pas? avec l’équipe de la passerelle, celle qui dirige toutes les opérations du navire. Le commandant est le chef ultime à bord du bateau. Il est secondé par le second capitaine et par 3 lieutenants, qui se divisent la journée en quarts de 4 heures : il y a ainsi le 0-4, le 4-8 et le 8-12.
L’équipe de la passerelle, de gauche à droite : Gérard (second capitaine), Philippe (lieutenant navigation), Mathieu (élève officier), Antoine (officier polyvalent), Vicky (lieutenant commissaire) et Gilles (commandant).