Zone étudiée

La marge Congo-angolaise et l’éventail profond du Congo

Depuis plusieurs années, l’Ifremer travaille sur la marge passive Congo-angolaise, exemple particulièrement intéressant pour étudier l’hétérogénéité des écosystèmes profonds et l’influence des conditions environnementales sur la faune benthique.

En effet, cette marge est caractérisée par l’activité du canyon et du chenal profond du fleuve Congo (le 2eme plus grand fleuve du monde par son débit liquide) qui l’entaille sur 750 km, jusqu’à 5000 m de profondeur. Ce chenal transporte d’énormes quantités de sédiment riche en matière organique, avec une forte composante terrigène traversant le système par des courants de turbidité.

Les lobes terminaux de l’éventail profond sont un exemple peut-être unique dans tout l’océan mondial, approvisionnés quasiment en continu en matériel organique récent, du fait de la connexion directe du canyon sous-marin au fleuve, contrairement aux autres grands fleuves comme l’Amazone. Les premières observations et mesures dans cette zone très particulière ont révélé des concentrations en matière organique tout à fait exceptionnelles, des niveaux d’oxygène extrêmement faibles, liés à la dégradation de cette matière, qui pourraient soutenir des écosystèmes très particuliers. Des espèces typiques des sources froides ont pu être observées dans cette zone au cours des premières plongées d’exploration (projet ZAIANGO, en 2001).

La zone de l’éventail profond du Congo est également caractérisée par la présence de nombreux paléo-chenaux (80 cartographiés à ce jour), c'est-à-dire d’anciens chenaux empruntés par le fleuve, de part et d’autre du chenal actuellement actif. Ils sont à présent profondément enfouis sous les couches sédimentaires.

Les sédiments riches en matière organique qui remplissent ces chenaux peuvent être à l’origine de la formation de méthane. Les paléo-chenaux sont aussi des lieux de stockage et de migration de fluides riches en hydrocarbures produits à partir des roches profondes. Les fluides et gaz riches en méthane ou hydrocarbures plus lourds migrent vers la surface par des conduits privilégiés tels des cheminées ou des failles. Ils se traduisent en surface par des émissions de fluide ou gaz qui alimentent en surface des écosystèmes particuliers.

Les « pockmarks » et les sources de fluides froids

La marge Congo-angolaise entaillée par le chenal du Congo est donc également le siège d’émissions de fluides et gaz riches en méthane localisées, au droit de structures géologiques particulières, notamment des « pockmarks ». Ce sont des dépressions généralement circulaires de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres de diamètre formées par l’expulsion de gaz en surface des sédiments marins. Des cheminées traversant les couches sédimentaires sur plusieurs centaines de mètres les relient des chenaux anciens enfouis dans les couches sédimentaires profondes. Dans ces chenaux, la matière organique s’est accumulée et s’est transformée en pétrole ou en gaz (diagénèse).