Entretiens

Alexis et le respiromètre

Alexis Khripounoff, biologiste au laboratoire Environnement Profond de l’Ifremer.

Qu’étudiez-vous au cours de la campagne WACS ?

Je m’intéresse à la respiration des organismes vivant dans les sédiments profonds. Cela concerne, pour cette campagne, des espèces de grandes tailles comme les moules, mais également des espèces cachées dans le sédiment et des bactéries.

Vous récoltez vos données grâce au respiromètre. De quoi s’agit-il ?

Le respiromètre est un instrument développé il y a une quinzaine d’années à Brest par l’Ifremer. Il permet d’une part de mesurer la consommation d’oxygène des organismes vivant sur le fond de l’océan, et d’autre part d’effectuer des prélèvements d’eau. Il est mis à l’eau depuis le navire, il est ensuite complètement autonome. Durant les 24 à 48 heure pendant lesquelles nous le laissons sur le fond, il réalise des mesures d’oxygène en continu, grâce à des capteurs appelés optodes. Quant à l’eau prélevée, j’en analyse une partie à bord, pour en mesurer d’autres composés comme le dioxyde de carbone ou la silice, puis je conserve l’autre partie pour l’étudier à terre.

J’utilise également les données enregistrées par la chambre benthique « Calmar », déployée par le robot Victor 6000 au cours des plongées. Nous la plaçons au niveau d’espèces de grandes tailles, où elle effectue aussi des mesures d’oxygène.

Christophe et le projet Congolobe

Christophe Rabouille, géochimiste au laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (CEA-CNRS-UVSQ et IPSL) de Gif-sur-Yvette.

Quel sujet étudiez-vous durant la campagne WACS ?

Je suis arrivé au second leg pour étudier la zone des lobes du fleuve Congo. Nous sommes plusieurs dans l’équipe scientifique à travailler sur le devenir en mer des apports du fleuve, entraînés depuis le continent jusqu’à ces lobes terminaux. Il s’agit d’un contexte sédimentaire très particulier, qui favorise le développement d’une faune qui ressemble à celle des sources de fluides froids.

Quel type de données récoltez-vous ?

Nous mesurons avec mes collègues 3 paramètres dans les sédiments : la distribution de la concentration en oxygène, en sulfures et le pH en fonction de la profondeur, qui caractérisent l’activité des organismes vivant sur le fond. Comme ces mesures doivent être réalisées à l’interface entre l’eau et les sédiments, sur une zone de quelques millimètres, nous disposons de micro-électrodes d’une grande précision. Durant cette campagne, celles-ci sont soit déposées directement sur le fond de l’océan à – 5000 mètres, à l’aide d’un microprofileur, soit utilisées en laboratoire sur des petites carottes de sédiments.

Comment vont se poursuivre vos travaux sur ce sujet après cette mission ?

Nous sommes très satisfaits de ce second leg de la campagne WACS. Il a constitué une phase exploratoire, qui nous a donné l’opportunité de récolter les premiers échantillons de sédiments sur certains sites des lobes. Nous avons la volonté de poursuivre sur ce sujet, avec un programme de recherche nommé Congolobe. Nous souhaitons revenir pour réaliser des prélèvements plus ciblés. Congolobe mêle la géologie, la géochimie et la biologie. Tous ces aspects sont étroitement liés, et aideront à comprendre le fonctionnement des écosystèmes des lobes.