Julia Machon et Sandra Fuchs, premières plongées avec le Nautile !

Interview de Julia Machon pour sa première plongée dans le Nautile.

J’avais comme seule appréhension de devoir assumer les prélèvements et manipulations pour les autres chercheurs travaillant dans d’autres domaines que la biologie. La taille de la sphère et la durée de plongée ne m’ont pas fait peur.
 Dans la sphère on a un peu le sentiment d’être dans des conditions spatiales.
 Voir toutes les différentes équipes s’affairer pour le bon déroulement de la mise à l’eau c’est impressionnant ! J’étais impatiente de commencer la descente vers les profondeurs.

Scotchée au hublot, l’obscurité arrive assez vite, dès 200 mètres d’immersion on commence à être dans le noir.  Jusqu’a 2000 mètres j’ai observé les organismes bio-luminescents. Lors de la descente c’est aussi le moment de se restaurer et de prendre des forces pour toute la durée de la plongée.

 Une fois au fond, j’ai calibré les instruments pour effectuer les prélèvements pour les analyses chimiques. Les pilotes s’occupent alors de la pesée du sous-marin, c’est à dire de faire le calcul du lest à larguer pour pouvoir naviguer.
Grand moment pour moi lorsque je découvre le plancher océanique, débute alors l’arrivée sur le site où l’on commence à voir des crevettes, des poissons et les cheminées hydrothermales avec des essaims impressionnants de crevettes.
Dans la sphère l’ambiance est sérieuse, pilote et co-pilote sont très professionnels et enchainent toutes les manipulations.  J’ai été impressionnée de voir toute la dextérité des bras du Nautile.

Je ressens l’excitation et la satisfaction de pouvoir observer pour la première fois la Rimicaris exoculata dans son environnement naturel. Difficile de lâcher le hublot des yeux mais malgré tout on doit s’aider des caméras pour la plupart des manipulations à effectuer. Le champ de vision est différent de celui du pilote de part la configuration des hublots.
Toutes les opérations se sont très bien passées, le cahier des charges a été rempli !

Lors de la remontée l’excitation retombe un petit peu, et une fois sortie de la sphère on est très content de partager cette euphorie avec ses collègues et de découvrir que les manipulations ont bien marché.

C’était vraiment une opportunité exceptionnelle d’un point de vu personnel et scientifique, je remercie vraiment les pilotes du Nautile et l’équipage du N/O le Pourquoi pas ?, mon équipe (AMEX) et Marie-Anne la chef de mission d’avoir rendu cela possible.

Petite citation pour finir !
« L’exploration est le sport du savant » / Auguste Picard

Interview de Sandra Fuchs

J’étais vraiment excitée à l’idée de pouvoir plonger, de plus j’ai su que j’avais la possibilité d’embarquer seulement 20 jours auparavant. Le Nautile est un outil mythique, il y a vraiment très peu de personnes qui ont l’opportunité de pouvoir plonger avec.
J’ai eu une autre vision de tout les moyens mis en place pour préparer la mise à l’eau du Nautile. Je me rends compte de la cohésion de toutes les équipes, le rôle indispensable de chacun pour permettre celle-ci.

On commence à toucher l’eau, l’immersion est très rapide, on peut voir les plongeurs s’activer pour décrocher tout les crocs…  et on peut entendre à la VHF que tout est prêt pour démarrer la plongée.
J’ai commencé à observer l’écran, la valeur de l’immersion s’accroit, je réalise alors que j’ai déjà dépassé la profondeur que l’on peut atteindre lors d’une plongée en bouteille.

Je me familiarise avec la sphère qui est tout de même assez petite, c’est un environnement complètement nouveau pour moi.
C’est aussi le moment de manger et de discuter avec pilote et co-pilote.
On prépare les manipulations et on installe le matériel dont on a besoin.
C’est un moment magique de voir la valeur de l’immersion qui augmente encore.

Je vois le premier poisson passer devant nous.
Tout l’environnement se dessine très rapidement, le plancher océanique, les différentes faunes que je peux observer en vrai pour la première fois dans leur milieu naturel. Le fait de voir cela en direct c’est époustouflant !

Les cheminées hydrothermales se dessinent, c’est difficile de se rendre compte de l’ampleur du site, de plus on n’a pas de point de référence pour avoir l’échelle. Chacun a alors une vision du site en fonction de son hublot.
Les pilotes savent très bien se positionner et reconnaitre au niveau biologie les différentes espèces et zones de prélèvements les plus propices pour échantillonner, c’est vraiment une aide supplémentaire !

On est resté près de 6h au fond, le temps passe super vite, de part le nombre de manipulations à effectuer, puis on a une sensation d’être hors du temps même si toutes les opérations effectuées sont notées à la seconde près.
J’avais vraiment envie de pouvoir rester un peu plus longtemps, et le fait de savoir que la plongée touche à sa fin est très frustrant, j’aurais aimé continuer ! En espérant avoir l’occasion de pouvoir replonger un jour, j’ai déjà hâte d’y être !
Le temps de la remontée j’ai pu observer de la bioluminescence, tout en discutant avec les pilotes, avec toujours un oeil sur la valeur d’immersion qui là, diminue…
La lumière du jour arrive et je me rends compte que je n’ai pas vu la lumière naturelle de la journée et je reviens alors à la réalité à bord.
La mise à bord m’a parue très rapide, une fois sortie de la sphère j’avais vraiment le sentiment d’avoir été déconnectée du reste du monde, et la fatigue s’est faite sentir d’un coup.

 En quelques mots, c’était magique, époustouflant et incroyable !
Je me rends compte de la chance que j’ai ! Ça donne vraiment une belle dimension à tout mon travail, ça éclaircie beaucoup de choses et ajoute de la valeur à tout ce qui est réalisé au laboratoire. Cela permet aussi de voir tous les outils que l’on utilise en conditions réelles, de comprendre leurs fonctionnements, ce que je ne vois pas forcément quand je travaille à Brest.
Je remercie tous ceux qui m’ont permis d’embarquer et de vivre cette expérience, ils se reconnaitront forcément !

Petit clin d’oeil à Doudou Chat, et un grand merci aux 2 « taxis Nautile ».

« Percer l’épaisseur des océans, c’est embrasser des fluides, des bêtes et des hommes. »  - Anita Conti