Un peu d'hydrologie

Pendant la campagne, EVHOE on ne fait pas que de la pêche. On commence même chaque journée par des manipulations d'hydrologie, et on la clôt de la même façon.

Ces manipulations permettent de suivre la présence de plancton. Phytoplancton et zooplancton sont d'une importance capitale car ils forment les premières briques de la chaîne alimentaire. Pour ce faire, 3 instruments principaux sont utilisés.

La rosette CTD, ou bathysonde

Bardée de capteurs, la rosette utilisée sur EVHOE ne fait pas de prélèvement (ça peut être le cas sur d'autres campagnes), mais fait des mesures in situ. Mise à l'eau sur le côté du bateau, lorsque celui-ci est à l'arrêt (en station), elle peut descendre jusqu'à 600m de profondeur. En descendant et remontant le long de la colonne d'eau, elle mesure en continu la température, la conductivité (qui permet de déduire la salinité), et la fluorescence de l'eau.

La fluorescence, kezako ? Un fluorimètre est un appareil qui émet de la lumière à une longueur d'onde bien précise, qui fait réagir la chlorophyle présente dans le phytoplancton. En mesurant ce taux de fluorescence, on peut avoir une idée de l'abondance de phytopancton présent dans l'eau.

Le filet WP2

Il sert à faire des prélèvements de plancton, essentiellement du zooplancton. Lui aussi est déployé sur le côté du navire, à l'arrêt. Il descend jusqu'à 100m de profondeur, lesté par un poids. Lors de sa remontée, il filtre la colonne d'eau jusqu'à la surface et piège au passage le zooplancton. Sa relative fragilité empêche sa mise à l'eau lorsque le vent souffle à plus de 25 nœuds.

Le CUFES

Entre 2 points de pêche, le bateau fait des transits. Lors de ces transits, on met en route le CUFES.

Intégré à la structure du navire, cet instrument permet d'aspirer de l'eau sous la coque. Ainsi, à la différence du filet WP2 qui travaille dans la profondeur, à un point précis, le CUFES prélève juste sous la surface et sur une zone géographique plus étendue. Pendant 30 minutes, on "aspire" de l'eau, qui passe ensuite dans un "shaker" qui va séparer les particules recueillies. Celle-ci vont se coller sur une maille de 315 microns, et seront récupérés au bout de 30 minutes.

Les prélèvements effectués par WP2 et le CUFES sont ensuite passés dans le Zoocam, un concentré de technologie dont on parlera demain.

Pourquoi Marie-Madeleine et Jonathan se donnent-ils tout ce mal ?

D'abord, ces mesures permettent de faire un état de l'abondance du plancton, et de le comparer aux années précédentes (EVHOE étant une campagne reconduite tous les ans). Ensuite, et surtout, ils cherchent à évaluer les stocks d’œufs de sardine. Leur quantité, leur stade de maturité, et leur répartition géographique permettent de faire des projections sur le stock à venir de sardines dans les prochaines années.