Le travail en salle de tri

EVHOE est une campagne halieutique. L'idée est donc de faire de la pêche scientifique destinée à évaluer l'abondance des espèces pêchées. Entre 3 et 4 fois par jour, nous effectuons un trait de chalut. Il s'agit donc de trier rigoureusement ces espèces une fois qu'elles sont à bord afin que nos chiffres soient le plus précis possible.

Voici comment cela fonctionne.

  • Le chalut, une fois sur le pont, est vidé dans le "trunk". A même le trunk, une première sélection est faite d'espèces qui nécessitent d'être remises à l'eau rapidement, et qui seront traitées immédiatement (mesure de la longueur, poids, sexage, maturité et éventuellement prise d'échantillons biologiques et marquage). Ce sont essentiellement des requins et des raies.
  • Le contenu du trunk est petit à petit vidé sur un "escalator" qui amène les poissons jusqu'à une balance. Une fois le poids programmé atteint (souvent 30 ou 40 kilos), cette palanquée est vidée sur le tapis de tri, en forme de U. De chaque côté du tapis, des petites mains récupérrent les poissons et les rangent par espèce dans des caisses situées au "milieu du U". En fin de U, il ne reste qu'une seule espèce, qui est toujours celle qui est identifiée comme la plus nombreuse et que l'on "laisse passer".
  • Au fur et à mesure du tri, les caisses se remplissent et sont envoyées, via un autre tapis à une zone de stockage, en attendant d'être prises en charge pour les mesures. En route, elles s'arrêtent au pupitre où elles sont pesées une première fois, et les espèces concernées entrées dans la base de données.
  • Pour chaque espèce, tout ou partie (en fonction de la quantité pêchée) est mesuré (au cm ou 1/2 cm prés selon l'espèce) et pesé. Certaines espèces sont sexées et font l'objet de prélèvement d'otolithes. Toutes ces données sont manuscrites, à l'ancienne, sur des feuilles de mensuration.
  • Ces informations sont ensuite entrées par le chef de salle de tri dans la base de données, après vérification des feuilles de mensuration.
  • Dernière étape, on rejette la plupart de la pêche et nettoyage de la salle en attendant le prochain trait.

Toutes les personnes qui interviennent dans le tri ont été formées à l'identification des espèces les moins connues, au Museum National d'Histoire Naturelle. En cas de besoin, on peut avoir recours à des guides d'identification qui ont été affinés au fur et à mesure des campagnes, grâce à des collaboration avec le MNHM mais également avec d'autres instituts européens.

Bien évidemment, tout ceci se fait en respectant un protocole bien précis, qui permet de garantir la validité des données et le respect du standard établi. Ainsi, parceque le protocole est le même depuis 28 ans, on peut travailler sur de longues séries temporelles et voir de réelles évolutions.

Ces données récupérées sur le terrain sont essentielles. En effet, ce sont les premières pierres sur lesquelles les chercheurs fonderont leurs travaux.

Gardez bien à l'esprit que tout ceci se fait dans des conditions qui sont souvent difficiles (état de la mer, odeurs "particulières", répétitivité de la tâche) avec parfois des équipes réduites obligeant à des journées de travail très longues (il n'est pas rare de travailler jusqu'à 23h tous les soirs sur les bateaux plus petits). Malgré celà, la bonne humeur est toujours présente, parce que tous à bord sont unis par la passion de leur métier.