Du 12 au 19 octobre

Papeete, Tahiti, le 12 octobre, 10h00, l’équipe scientifique est au complet, le Joides Resolution (143 mètres de long et 22 mètres de large, équipé de son derrick central de 62 mètres de haut) peut enfin prendre le large.

A bord, après avoir passé en revue les différentes consignes de sécurité, les premières réunions scientifiques données par le chef de mission Steve D’Hondt (géomicrobiologiste américain à l’Université de Rhode Islande) et le co-chef de mission Fumio Inagaki (microbiologiste japonais au JAMSTEC à Kochi) nous présentent les objectifs de l’expédition.

Beaucoup de nationalités sont représentées (Americain, Japonais, Anglais, Allemand, Danois, Coréen, Australien, Norvègien, Irlandais, Chinois et Français). Objectifs : étudier la biosphère souterraine et définir les limites physiques et chimiques de la vie microbienne dans les sédiments et les basaltes profonds du Gyre Pacifique Sud. C’est une zone où la productivité est très faible. Dans cette région du globe, les sources d’énergie et de nourritures disponibles pour les microorganismes sont extrêmement limitées. Tout le monde s’active pour préparer l’arrivée des premiers échantillons. Et des équipes se forment pour assurer les 12 heures de travail par jour « shifts ».

Quatre jours de transits plus tard, nous voilà déjà sur le premier site de forage SPG1A. Les eaux dans cette partie de l’océan Pacifique sont particulièrement limpides et bleues. Toutes les opérations s’effectuent depuis la surface à partir du derrick situé au milieu de navire et à partir duquel un train de tubes métalliques est abaissé vers le fond. L’extrémité du tubage est équipé d’un trépan qui diffère selon le type de roche ou de sédiment rencontré. Le premier forage aura pour objectif de déterminer précisément la profondeur de la croûte océanique (basalte) âgée de presque 100 millions d’années. La vitesse de sédimentation dans cette zone est très faible (environ 8 cm par millions d’années).

Les premières carottes arrivent enfin sur le pont et sont annoncé au microphone « Core on deck ! ». Les techniciens du bord s’affairent avec une dextérité impressionnante, découpant les morceaux de carottes en vue de leur analyse physique et chimique. De leur côté, les microbiologistes sont en attente de leur première carotte qui est normalement prévue pour demain. Ces derniers jours, nous avons eu la visite de requins tournant autour du bateau probablement à la recherche de nourriture.

Focus
Qu'est-ce qu'une carotte ?

Les échantillons issus de forages océaniques sont conditionnés en carottes, c’est-à-dire de longs tubes en plastique rempli de matériels (sédiments, roches …) obtenus au cours de forages dans le plancher océanique. Une terminologie précise est utilisée pour décrire l’échantillon. Ces échantillons sont ensuite disséminés à l’ensemble des chercheurs qui en font la demande.

L’identification d’un échantillon inclut les données suivantes : le leg, le site, le puits, le numéro de carotte, le type de carotte, le numéro de section et l’intervalle en cm mesuré depuis le haut de la carotte. Par exemple, « 210-1276A-3R, 80-85 cm » est un échantillon prélevé à 80-85 cm sous le plancher océanique de la section numéro 3, carotte 3R du puits 1276A de l’expédition ou Leg 210.

Leg, Expedition. Au cours de l’histoire des forages océaniques, les campagnes ont été appelées Legs et/ou expéditions (Ex : Pacific Gyre Leg 329).

Site, puits. Un site est une position géographique au niveau de laquelle les forages sont effectués. Les sites forés sont numérotés en partant de la première expédition effectuée par le navire Glomar Challenger en 1968. Si plus d’un forage est effectué sur un même site alors il reçoit une lettre supplémentaire (A, B, C, etc.)

Carotte. Chaque carotte mesure environ 9 mètres de long et 6 centimètres de diamètre.

Section. Ensuite, sur le pont du navire, la carotte de 9 mètres de long est découpée en sections de 1,5 mètres et numérotés à partir du haut ; c’est-à-dire du plancher océanique (interface eau de mer – sédiment).

Intervalle. Un échantillon se caractérise par la distance en cm par rapport au haut de la carotte, c’est a dire l’interface eau de mer - sédiment.

Type de trépan utilisé à l'extrémité du tubage :
R : Rotary Core Barrel ou "tube rotatif", RCB
H : Advanced Piston Corer ou “piston amélioré”, APC
X : Extended Core Barrel ou “tube étendu”, XCB

Les trépans rotatifs (RCB) perturbent plus intensément les sédiments que les autres et entraînent des problèmes de contamination avec l’eau de mer environnante utilisée pour refroidir le trépan. Les carottes sont également décrites en mètres sous le plancher océanique (mbsf : meters below the seafloor).