Du 10 au 16 novembre

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11 novembre, nous sommes à mi-parcours de notre expédition. Et après 3 à 4 jours de transit, nous voilà enfin arrivés en plein centre du Pacifique Sud (site SPG6), très loin des côtes. Une grande partie de la semaine a été consacrée à l’échantillonnage de sédiment et de basalte. Malheureusement, la récupération des basaltes est extrêmement lente et peu efficace. Et comme le démontre l’état du trépan après plus de 12 longues heures de rotation pour tenter de pénétrer dans la roche, le matériel de forage est soumis à de rudes épreuves (photo ci-contre, à comparer au focus de la 1ere semaine). Seuls quelques morceaux de basaltes sur les 100 mètres forés seront extraits et analysés par les pétrologistes et les microbiologistes.

Les géochimistes et les microbiologistes ont passé trois bonnes journées dans la chambre froide à 4°C pour venir à bout des 40 mètres de tubes de carottes. Les tranches de carottes Whole Round Core (WRC) de 5 ou 10 cm de long sont soit congelées à -80°C pour les études moléculaires, soit immédiatement sous-échantillonnées stérilement. Les échantillons de sédiments sont finalement conditionnés dans des flacons en verre pour la mise en culture. D’autres échantillons sont directement étalés sur des géloses dans des boites de pétri.

Comme toutes les semaines depuis le début de l’expédition, la fin de la semaine est consacrée à l’exercice d’abandon du navire en cas d’incendie. Dimanche, 13h, la sirène retentit et tout le monde se réunit à son bateau de sauvetage équipé de son casque et de son gilet de sauvetage orange. Il y a 4 annexes au total dont deux à bâbord et deux à tribord qui peuvent embarquer chacune jusqu’à 70 personnes. C’est aussi l’occasion de tester la procédure de mise à l’eau des bateaux de sauvetage.

Joe Monaco, est professeur à l’université de Redlands East Valley High School‎‎. Il assure le contact avec le continent américain sous forme de visioconférences (ci-contre, il semble avoir trouvé une bonne liaison satellite, debout à l’avant du navire). Il a également créé un blog en anglais consacré à la mission (http://joidesresolution.org) et m'a fait figurer dans une des pages ... merci !

Côté cuisine, les produits frais commencent à se faire rare. Pour y remédier (en partie), des recherches microbiologiques portent actuellement sur la fabrication du yaourt maison. Les résultats sont très encourageants. Pour les amateurs, voici les résultats de nos expériences :

  • Chauffer à l’étuve à 110°C un mélange lacté composé de 1/3 de crème et 2/3 de lait 2% gras
  • Inoculer avec 1% de petit lait d’un yaourt nature
  • Abaisser la température à 60°C. C’est prêt !
Pour un yaourt encore plus savoureux, quelques améliorations ont été apportées :
  • Ajouter 1% (vol/vol) de poudre de crème lait pour les apports en vitamines.
  • Ajouter de la poudre de basalte pour les minéraux et pour les pus chanceux inoculer avec les quelques bactéries profondes du gire Pacifique sud.
  • Incuber le tout 8 à 10h afin d’obtenir une consistance crémeuse et épaisse.

A déguster de préférence avec de la confiture et des petits gâteaux sablés !

Focus

Comment fonctionne le programme IODP ?

Le programme intégré de forage océanique IODP a démarré le 1er octobre 2003. IODP est un partenariat international regroupant des organismes de recherche et des scientifiques spécialistes des sciences de la Terre et du vivant. IODP s’est construit sur le succès des programmes DSPS (Deep Sea Drilling Project, 1968-1983) et ODP (Ocean Drilling Program, 1985-2003). Il a pour vocation l’étude de la structure et de l’évolution de la Terre. Plusieurs plateformes de forage permettent aux chercheurs du monde entier d’accéder à une vaste carothèque riche de données géologiques, biologiques et environnementales prélevées dans le plancher océanique.

IODP regroupe aujourd’hui 7 partenaires représentants 24 pays : les Etats-Unis, le Japon, le consortium européen ECORD (European Consortium for Ocean Research Drilling) auquel la France participe, la Chine, la Corée, le consortium Australie-Nouvelle Zélande, et l’Inde. Les Etats-Unis mettent en œuvre un navire de forage conventionnel, le Joides Resolution, déjà utilisé dans le cadre de ODP. Le Japon apporte à la communauté un nouveau navire de forage, le Chikyu, qui permet de forer plus profondément que dans le passé. Enfin, l’Europe fournit au programme des plateformes spécifiques (par exemple un brise-glace) nécessaires à la réalisation des objectifs scientifiques de certaines expéditions. Ces moyens de forage permettent l’accès à des profondeurs d’eau variées, et donc à différentes zones du plancher océanique.

Les objectifs scientifiques de IODP concernent :

  • L’eau et la vie en subsurface océanique
  • Les changements environnementaux
  • La géodynamique et les cycles de la terre solide.
Glossaire

Whole Round Core ou WRC : Terminologie utilisée par IODP notamment pour les demandes d’échantillons de sédiments. Il s’agit d’une tranche de carotte de sédiment de 5 ou 10 cm de long qui correspond à un sous-échantillon de la carotte. La sous-carotte est fermée à l’aide de bouchons en plastique. Un bouchon bleu indique le haut de la carotte alors qu’un bouchon blanc correspond au bas. Les WRC sont étiquetés avec un code barre identifié dans la banque de donnée IODP.