Les plateformes carbonatées, archives de l'histoire géologique et climatique
Les plateformes carbonatées sont des structures sédimentaires en mer, formées principalement de débris d’organismes récifaux et lagonaires, tels que les coraux. Elles sont particulièrement sensibles aux variations du niveau marin et aux paramètres physico-chimiques environnementaux. Ce sont donc des archives privilégiées des variations climatiques et des évènements géologiques. En Nouvelle-Calédonie, plusieurs travaux sur cette thématique sont développés par les équipes de l’Ifremer, en collaboration avec des organismes de recherche calédoniens et internationaux.
Une édification sur des centaines de milliers d’années
Un premier chantier (mission Sedical) s’attache à comprendre l’édification de la plateforme carbonatée actuelle bordant l’île principale, de type « plateforme barrée ». Elle est constituée par le lagon et le récif-barrière, le second plus grand au monde après la grande barrière de corail australienne. Cet édifice aurait commencé à se former il y a 400 000 ans et est affecté par les apports de sédiments en provenance de l’érosion des massifs émergés. La plateforme constitue ainsi un laboratoire naturel pour étudier à la fois les variations climatiques au cours de cette période, mais également les impacts anthropiques récents (par exemple l’effet potentiel des apports sédimentaires accrus par l’exploitation minière). Le deuxième chantier (campagne Sedlab) s’intéresse aux plateformes carbonatées développées au large, sur des hauts fonds, quelques fois très loin de la côte. Ces plateformes sont isolées des apports des terres émergées, ce qui en fait d’excellents éléments de comparaison avec les plateformes barrées.
Des plateformes fossiles
Récemment, la campagne Sedlab a étudié l’un des atolls éloignés, partiellement ennoyé. Elle a permis de cartographier les morphologies du sommet de la plateforme, mais également les morphologies de ses pentes, marquées par d’impressionnantes chutes de blocs en provenance de la bordure de la plateforme.
Des systèmes de plateformes carbonatées fossiles, datés entre 23 et 10 millions d’années sont connus à terre et en mer grâce aux techniques d’imagerie géophysiques et à des prélèvements par dragages. Ils se distinguent des plateformes récentes par l’absence de barrière récifale et une topographie moins marquée, dite de rampe. La transition entre ces systèmes de rampe fossiles et la barrière récifale récente est encore peu connue, et pourrait faire l’objet d’une demande de campagne ainsi que d’un forage profond à terre et en mer, via des programmes internationaux.