Amical : des microalgues aux propriétés multiples
Le littoral proche du lagon de Nouvelle-Calédonie présente des conditions extrêmes, comme une forte exposition aux rayons ultra-violets émis par le Soleil, la présence de métaux, des variations importantes de température, de salinité ou d’acidité. Les algues microscopiques (micro-algues) qui se développent dans ces environnements extrêmes s’y sont parfois adaptées en produisant des molécules spécifiques. Ces molécules pourraient avoir des propriétés intéressantes pour la nutrition, la pharmacologie ou la cosmétique.
Développer une filière innovante de culture de microalgues
Le programme Amical (Aquaculture micro-algues en Nouvelle-Calédonie) a pour objectif de développer, à moyen terme, une filière innovante de production de micro-algues locales afin de participer au développement économique de la Nouvelle-Calédonie par leur valorisation.
Des applications dans les domaines de l'alimentation, la santé, la cosmétique,...
Le projet de recherche a débuté en effectuant des prélèvements sur plusieurs sites de Nouvelle-Calédonie. Les micro-algues collectées et isolées ont été sélectionnées selon leur vitesse de croissance. Plusieurs travaux ont évalué les potentialités de certaines des micro-algues isolées. Il a d’abord été étudié la possibilité d’utiliser ces micro-algues dans l’alimentation des crevettes élevées localement dans des fermes aquacoles. De plus, certaines de ces micro-algues sont riches en oméga 3, un lipide essentiel pour la santé humaine comme animale. D’autres molécules ont été identifiées et présentent des propriétés qui intéressent les industries de la cosmétique et de la pharmacologie.
Une souchotèque a été constituée pour conserver les microalgues sélectionnées. Fin 2018, elle contenait 45 espèces. Une des micro-algues testée pour l’alimentation des crevettes, donne des résultats intéressants en comparaison de la pâte commerciale importée, du point de vue de la survie et de la croissance. Plusieurs souches sont riches en molécules d’intérêt connues. Deux espèces parmi les douze testées ont montré des effets antioxydants intéressants pour la cosmétique et l’alimentation. Un projet porte également sur la recherche de pigments intéressants pour la santé humaine, certains pouvant être nouveaux et d’autres déjà décrits. C’est par exemple le cas de la lutéine (complément alimentaire pour prévenir la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) et la cataracte) ou la fucoxanthine (capable de réduire le taux de glucose dans le sang et utilisé contre l’obésité). Ces pigments, déjà connus, sont extraits d’autres sources, mais pouvoir les produire à partir de cultures de micro-algues permettrait d’avoir une production plus rentable.
Création d'un laboratoire technologique des microalgues
Certaines micro-algues de la souchothèque restent à identifier et à caractériser. Des travaux sont en cours pour sécuriser cette collection en la préservant sur le long terme par cryoconservation dans de l’azote liquide. Dans le même temps, d’autres molécules intéressantes sont étudiées. Les recherches s’orientent vers des molécules aux propriétés nutritionnelles, anti-oxydantes, antidiabétiques ou encore antiparasitaires pour l’agriculture. Des travaux sont menés pour permettre le transfert des cultures de microalgues à des exploitants privés. Le Laboratoire technologique des micro-algues (LTMA) a été créé dans ce but en 2015. Son objectif est de tester la production et la récolte des microalgues dans des volumes plus grands. Ce laboratoire est géré par l’Adecal Technopole, l’Ifremer y apport son conseil scientifique.