Adaptation, migrations, extinction : les réponses des espèces à l’évolution des océans
Réchauffement, acidification, baisse de la concentration en oxygène : ces phénomènes ont des conséquences directes sur l’habitat des espèces et sur les écosystèmes océaniques. En réponse à ces changements environnementaux, les espèces s’adaptent ou migrent vers de nouvelles zones… ce qui n’est pas sans conséquences sur leur développement, leur survie ou sur la chaine alimentaire.
L’adaptation au changement : le cas des bars et des soles
La diminution de la teneur en oxygène dans l’eau est une des conséquences du réchauffement climatique. Or cet élément est essentiel pour la vie animale. Cela peut amener certaines espèces à modifier leurs fonctions biologiques.
Des expériences menées par l’Ifremer montrent que les larves de bars exposées à un manque modéré d’oxygène donnent des bars adultes de petite taille, puis des descendants de petite taille également. Cette exposition induit donc un frein à la croissance qui se transmet d’une génération à l’autre.
Des poissons de petite taille seront probablement plus vulnérables aux prédateurs et auront moins de chances de se reproduire. Cela entraînera donc des effets sur l’évolution de l’espèce.
Le réchauffement et la désoxygénation des eaux risquent ainsi de provoquer des bouleversements dans les équilibres biologiques marins car potentiellement beaucoup d’espèces et différentes fonctions (croissance, résistance, reproduction) sont concernées.
La fuite en avant : la migration vers de nouvelles zones
Les changements de la température et des concentrations en O2 et en CO2 [MHISP2] peuvent créer des barrières « invisibles » qui vont restreindre l’habitat de certaines espèces. Celles qui peuvent se déplacer, comme les poissons ou le zooplancton, vont alors migrer vers des nouvelles zones, où l’environnement sera plus propice à leur développement et leur reproduction.
Actuellement, de nombreuses descriptions empiriques de ces déplacements vers les hautes latitudes et/ou en profondeur des organismes marins viennent confirmer cette tendance.
Ces migrations des espèces toujours plus vers le nord peuvent aboutir à des problèmes de capacité trophique. Par exemple, entre les proies et leurs prédateurs, il peut ne pas y avoir la même migration, ce qui crée un décalage dans la répartition des espèces. Cela peut aboutir à une moins bonne alimentation de certains poissons, à des difficultés de reproduction et à terme, à une réduction de la production halieutique.
Le danger de l’extinction face à de nouvelles espèces
Les migrations vers de nouvelles zones mais aussi la simple hausse des températures de l’océan dans une région précise peuvent ouvrir la voie au développement d’espèces invasives.
Par exemple, depuis les années 80 en Bretagne, on observe une régression des zones d’habitat de certaines algues brunes. Les hivers plus chauds favorisent le développement des patelles (ou chapeaux chinois) et des algues vertes. Or la patelle est un prédateur redoutable des algues brunes. Et en parallèle, les algues vertes concurrencent les algues brunes pour les zones d’installation et la disponibilité en nutriments… Deux phénomènes distincts qui contribuent à la disparition progressive des algues brunes.
Cet exemple montre très concrètement comment le réchauffement climatique peut introduire une compétition entre espèces et modifier les équilibres biologiques de nos littoraux.