Trouver des solutions face aux proliférations de sargasses
D’importantes quantités de sargasses s’échouent dans les Caraïbes depuis 2011. Pendant l’été 2015, la surface couverte par ces algues était 20 fois supérieure à celle observée entre 2000 et 2010 à la même période. Les échouements massifs perturbent le fonctionnement des écosystèmes (surplus de nutriments, risque d’introduction de nouvelles espèces, limitation de la lumière parvenant jusqu’au fond de l’océan, appauvrissement en oxygène…). Ils posent également des problèmes pour la santé humaine et le tourisme du fait de leur dégradation (émanation de gaz nauséabonds et toxiques). Une des solutions étudiées pour faire face à ces proliférations est de récolter les algues, de préférence avant qu'elles n'échouent, pour les valoriser.
Le projet Save-C (Study of holopelagic sargassum responsible of massive beachings: valorization & ecology on Caribbean coasts) a pour objectif d'identifier les communautés d’organismes associées aux radeaux, d'étudier les conséquences écologiques des échouements massifs et de trouver des solutions techniques pour récolter et valoriser les algues, notamment en agriculture et comme biomatériaux.
Les radeaux de sargasses constituent un habitat spécifique et hébergent un mini-écosystème endémique. Une précédente étude avait comptabilisé plus de 100 espèces animales associées. Un des objectifs du projet sera donc d’identifier la biodiversité liée aux sargasses et les interactions entre ces espèces.
Un autre volet prévoit d’étudier le cycle de vie des sargasses, et particulièrement les facteurs environnementaux influençant leur physiologie, leurs caractéristiques biochimiques (production de métabolites et accumulation de métaux toxiques et d’arsenic), ainsi que leur dégradation.
La récolte des algues fait également partie du projet : des techniques seront testées afin de trouver les plus adaptées à la récolte des algues. Une attention particulière sera portée sur la décontamination des sargasses, celles-ci pouvant accumuler des métaux lourds et de l’arsenic. La problématique de leur conservation sera également abordée, car les algues se dégradent rapidement.
Dernier volet de l’étude, l’optimisation de méthodes écoresponsables pour extraire des composés intéressants. Ces composés seront testés pour produire des fertilisants et des biopesticides, ainsi que pour fabriquer des bioplastiques et des cartons.
La délégation de l’Ifremer de Martinique participera plus particulièrement aux volets sur l’identification de la biodiversité associée aux sargasses, les interactions au sein de cet écosystème et le cycle de vie des algues. Elle apportera un appui aux autres partenaires, pour la collecte des échantillons sur le terrain et les expériences en conditions contrôlées. L’équipe concevra un système de cages ouvertes, permettant de tester en pleine mer l’influence des conditions environnementales et de la densité des algues sur la physiologie et la vitesse de dégradation des sargasses.