Micro-organismes extrêmophiles du Bassin de Guaymas.

La température est une des contraintes majeures pour le développement de la vie sur terre.

Et il se trouve que le contexte sédimentaire hydrothermal du Bassin de Guaymas au Mexique représente un véritable laboratoire sous marin pour étudier les limites de la vie à haute température. En effet, les fort gradients thermiques mais également géochimiques créent des niches écologiques favorables à l’activité de populations microbiennes extrémophiles spécifiques dont les hyperthermophiles, adaptées aux hautes températures.

Il est désormais admis que les 10 premiers mètres de sédiments hydrothermaux au fond du bassin de Guaymas hébergent une diversité et une activité microbienne élevée. Ainsi, la méthanogenèse (production de méthane biologique par un groupe d’Archaea appelés méthanogènes) et l’oxydation anaérobie du méthane (consommation de méthane) couplée avec la sulfato-réduction sont les processus microbiens dominants.

Parmi les méthanogènes, un microorganisme détient un record de vie à haute température : il s’agit de Methanopyrus kandleri (Photo) isolée à 2 000 mètres de profondeur d’eau à partir d’une cheminée hydrothermale appelée fumeur “noir” dans le Golfe de Californie*. Il s’agit d’un micro-organisme modèle d’Archaea méthanogène. Cet Archaea est capable de se développer entre 80 et 110°C mais ne supporte pas la moindre trace d’oxygène ; c’est-à-dire anaérobie stricte. La cellule se nourrit seulement d’hydrogène (H2) et de dioxyde de carbone (CO2) pour fabriquer du méthane et assurer sa croissance. La découverte de cette espèce laisse penser que la production de méthane est ainsi possible au-delà de 100°C et repousse les limite de la vie sur terre.

L’étude de la biosphère profonde du bassin de Guaymas au cours de cette campagne de forage nous réserve de grandes surprises et découvertes scientifiques majeures.

 

*Kurr, M., Huber, R., Ko¨nig, H., Jannasch, H. W., Fricke, H., Trincone, A., Kristjansson, J. K. and Stetter, K. O. (1991). Methanopyrus kandleri gen. and sp. nov. represents a novel group of hyperthermophilic methanogens, growing at 110_C. Arch. Microbiol. 156, 239–247.