IPERDMX : connaître les poissons démerseaux pour une exploitation durable
De nombreuses espèces de poissons sont présentes le long des côtes de l’océan Indien, du récif jusqu’à plus de 500 m de profondeur. Plusieurs centaines d’espèces de poissons démersaux sont exploitées par les pêcheries des différents territoires. À La Réunion, ces poissons vivant à proximité du fond sont exploités à la ligne par les pêcheurs professionnels. Cette activité s’est développée depuis le début des années 2000, suite à une étude de l’Ifremer qui a montré le potentiel de ces ressources. Plusieurs études à l’échelle des différents territoires ont mis en évidence les premiers signes d’une surpêche.
Le projet IPERDMX (Indicateurs populationnels et écosystémiques pour une gestion durable des ressources en poissons démersaux récifaux et profonds (1-500 m) à la Réunion) a pour objectif d'acquérir des connaissances sur la biologie, les habitats et les peuplements de poissons démersaux pêchés à la Réunion, pour aider à définir des mesures de gestion adaptées et favoriser la préservation des stocks basés sur des évaluations réalisées à partir d’indicateurs de l’état de santé des ressources exploitées.
À La Réunion, les dernières études (DMX FEP, 2011-2013 et DMX2, FEP 2013-2015) ont mis en évidence les premiers signes d’une surpêche et un manque de connaissances sur la biologie et l’écologie des principales espèces. Ces constats ont conduit au projet IPERDMX. Dans les autres territoires français de l’océan Indien, plusieurs projets de recherche similaires ont été menés dont EPICURE sur les bancs de Geyzer, Iris et Zélée (FED, 2015-2017) et STAVIRO MAYOTTE (AFB, 2014 et 2017) avec des conclusions identiques.
Pour acquérir des connaissances sur ces poissons à La Réunion, le projet IPERDMX s’étale sur trois ans et l’ensemble des côtes réunionnaises, de 0 à 500 m de fond.
Du fait de la grande diversité des espèces exploitées, il a été choisi d’étudier uniquement les principales espèces pêchées. Ainsi, le projet cible plus particulièrement six familles, telles que les mérous, les vivaneaux, les capitaines, les carangues, ainsi que des espèces plus petites, comme les beauclaires et les capucins. Pour les espèces déjà concernées par les projets antérieurs (notamment les espèces vivant à plus de 80 m de profondeur), le projet permettra de mettre à jour les différents indicateurs, en particulier les indices d’abondance.
Plusieurs techniques seront employées dans le volet coordonné par Ifremer :
- Approche « vidéo » : sur les récifs de 1 à 80 mètres de profondeur, mise en oeuvre de STAVIRO (caméra vidéo rotative posée sur le fond, développée par l’Ifremer en Nouvelle-Calédonie) afin d’avoir des informations sur les espèces présentes (abondance, diversité et taille) et leur habitat.
- Approche « pêche » : jusqu’à 500 mètres de profondeur, réalisation d’une campagne de pêche. Elle permettra d’avoir le nombre, le poids et la taille des poissons pour chaque espèce, selon la durée de pêche et le nombre d’hameçons utilisés.
- Approche biologique : plusieurs données biologiques seront collectées dont les otolithes, petites structures calcifiées dans l’oreille interne, avec les stries de croissance pour définir l’âge et la forme pour mettre en évidence une éventuelle répartition géographique ainsi que le stade de maturité et le sex-ratio pour déterminer la capacité des stocks à se renouveler.
Par ailleurs, le stade de maturité et le sex-ratio permettront de déterminer la capacité des populations à se renouveler.
Deux autres volets sont coordonnés par les autres partenaires. Ils s’attacheront à décrire et quantifier les pratiques de pêche, ainsi qu’à communiquer les connaissances et sensibiliser les gestionnaires et les pêcheurs à la mise en oeuvre des mesures de gestion.
Ces mesures doivent permettre de concilier la pêche et la préservation des stocks de poissons et de leurs habitats.