Popstar : un système de marquage de poisson de nouvelle génération
Comment savoir où et quand les poissons se nourrissent et se reproduisent ? Comment identifier leurs routes migratoires pour mieux estimer leur abondance ? Les données requises pour répondre à ces questions et ainsi mieux connaître et observer les poissons nécessitent des mesures physiologiques individuelles in situ. Pour obtenir ces mesures, il est indispensable de suivre les poissons dans leur milieu naturel grâce à de nouveaux outils.
Aujourd’hui sont utilisées des marques électroniques accrochées aux poissons, afin d’enregistrer les données nécessaires au suivi de leurs déplacements, c’est-à-dire leur localisation et des descripteurs de leur environnement, comme la température. Ces informations sont transmises ensuite à un satellite, d’où leur nom : « pop-up satellite archival tags ».
Ces marques ont contribué à mieux connaître les milieux dans lesquels voyagent ou résident les poissons, mais n’apportent pas d’information sur le poisson lui-même. Autre limitation des technologies actuelles : un tiers seulement des données acquises étant transmis, il est impossible de suivre l’intégralité de la trajectoire des poissons marqués. De plus, la relativement grande taille des marques d’aujourd’hui et leur coût élevé (4000 € la marque) limitent leur utilisation, et donc leur utilité pour la communauté scientifique.
Le projet POPSTAR s’attaque à ces verrous et vise à mettre au point une marque de plus petite taille et de plus faible coût, permettant de marquer un plus grand nombre d’animaux.
Le projet a également pour objectif d’améliorer la technologie des marques, notamment grâce à l’acquisition de données environnementales et physiologiques inédites, et à l’augmentation des capacités de transmission des données.
L’innovation la plus marquante du projet POPSTAR est l’enregistrement in situ d’informations sur l’état physiologique du poisson. « Pour la première fois, on pourra évaluer l’état physiologique du poisson dans son milieu naturel, par exemple en mesurant les variations spatio-temporelles de son taux de gras » explique Xavier André, coordonnateur du projet POPSTAR. Le poisson échantillonneur de l’environnement parlera enfin de lui : est-il en train de constituer des réserves de graisse ? Ou d’y puiser pour se reproduire ? Où ces étapes de son cycle de vie se déroulent elles ? Est-il encore avec ses congénères qui ont été marqués en même temps que lui ?
L’intégralité des données sera transmise par satellite, puis partagée au sein de la communauté scientifique. A terme, l’objectif est de créer un réseau d’utilisateurs pour construire une collection inédite, à grande échelle, de données biologiques, écologiques et environnementales d’un grand nombre d’espèces marines … D’où l’acronyme POPSTAR : “POP-up Satellite Tag for Advancing Research in marine ecology.”
Après une séquence d’essai et validation in situ des prototypes en 2017 et 2018 (campagnes océaniques annuelles, en partenariat avec des pêcheurs locaux de Méditerranée), une action phare est programmée à l’été 2019 : marquer un banc entier de 200 thons rouges (Thunnus thynnus) en Méditerranée avec la marque POPSTAR.
Une fois encore, le projet prévoit d’innover : il s’agit de franchir le pas entre l’étude des trajectoires individuelles et la caractérisation des déplacements et du comportement collectif en banc. Les retombées attendues sont multiples, tant au plan appliqué (approfondir l’expertise halieutique) qu’au plan de la connaissance de la biodiversité marine en général. De fait, le projet POPSTAR doit aboutir à élucider les relations entre environnement et physiologie des organismes marins, enjeu scientifique de tout premier ordre dans le contexte du changement climatique, en particulier en Méditerranée.
Le projet Merlin POPSTAR sera mené par l’Ifremer en collaboration étroite avec l’UMR LIRMM (Laboratoire d'Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier, Université de Montpellier - CNRS) et l’UMR MARine Biodiversity, Exploitation and Conservation (UMR Marbec, Ifremer - IRD - Université de Montpellier - CNRS).