Surveillance des contaminations chimiques
Vigilance sur les polluants émergents
Si la contamination chimique historique diminue depuis 40 ans, des problèmes de pollution persistent en revanche localement quand d'autres émergent.
La contamination chimique historique du milieu côtier français s’est globalement améliorée depuis les premières mesures il y a 40 ans. Métaux lourds, hydrocarbures ou autres composés persistants : les suivis annuels de l’Ifremer se concentrent sur quelques familles de produits chimiques parmi les milliers rejetés chaque jour. Les tendances montrent des ruptures liées à l’interdiction de certains composés. Le niveau de contamination mesuré est généralement faible, en dessous des seuils réglementaires, à l’exception de certaines zones comme les alentours des métropoles, des grandes stations d’épuration et les estuaires des fleuves. Plusieurs estuaires, comme la baie de Seine ou la Gironde, restent ainsi encore à des niveaux de pollution élevés.
Un exemple d’amélioration du milieu :
Le plomb dans l'estuaire de la Loire. Origine : une usine de production de plomb pour les carburants, située en Loire-Atlantique. Suite à l’interdiction de l’essence plombée en 2000, cette usine a changé d’activité et les niveaux de plomb en Loire et dans le milieu marin ont retrouvé un niveau plus faible.
Des points de vigilance
Dioxines et PCB en baie de Seine
Ce sont des contaminants anciens qui sont très persistants dans l’environnement. La tendance est à la baisse, du fait de l’interdiction de leur usage, mais les niveaux sont encore trop élevés pour qu’une culture de mollusques marins puisse être développée.
Cadmium dans l’embouchure de la Gironde
Cette pollution a été détectée dès la fin des années 1970. Une usine, 300 kilomètres en amont, stockait des déchets de minerai chargés en cadmium. Le confinement de ces résidus a permis une forte baisse de cadmium dans le milieu marin.
Plomb en baie du Lazaret – Toulon
Du fait de son passé industriel et militaire, la rade de Toulon fait parties de secteurs les plus contaminés, notamment par le plomb, de l’ensemble du littoral français. Grâce aux efforts entrepris dans le cadre du Contrat de baie, les niveaux de contamination sont en diminution et compatibles avec une activité conchylicole.
Comment l'Ifremer évalue-t-il la contamination chimique ?
Deux réseaux majeurs de suivi des contaminants dans les mollusques bivalves sont opérés par l’Ifremer :
- le réseau ROCCH avec 130 à 150 points suivis chaque année sur l’ensemble des façades françaises depuis 1979
- le réseau RINBIO avec 100 points suivis tous les 3 ans sur la Méditerranée.
Les résultats sont confrontés aux seuils réglementaires, qu’ils soient sanitaires (par rapport à la consommation des coquillages par l’homme) ou environnementaux (garants de la bonne santé de l’écosystème marin).
Des projets de recherche innovants
L’Ifremer traque les POP, ces nouveaux polluants organiques
Il existe à ce jour plus de 160 millions de substances chimiques répertoriées au niveau mondial, parmi lesquelles 100 000 entrent dans la directive REACH (Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques) au niveau européen.
100 nouveaux composés chimiques sous surveillance
Parmi la multitude de nouveaux produits chimiques, l’Ifremer mène une veille depuis dix ans sur plus de 100 composés non réglementés, qui sont persistants, qui ont tendance à s’accumuler dans les organismes vivants et dont les propriétés toxiques sont connues ou suspectées. Les analyses sont effectuées grâce au projet Veille sur les nouveaux polluants organiques persistants dans les mollusques marins (Veille-Pop), sur des échantillons de moules et d'huîtres utilisés classiquement comme espèces sentinelles indicatrices de la contamination environnementale, collectés au niveau de 20 sites couvrant les trois façades côtières métropolitaines.
Le profil des polluants émergents
Comme exemples des polluants émergents ainsi mesurés, on peut citer les muscs synthétiques, utilisés comme fragrances dans les shampoings, savons, lessives et autres produits d’entretien ménager. Ils sont retrouvés dans une grande majorité des échantillons de mollusques prélevés depuis 2013, avec des niveaux plus marqués dans l’estuaire de la Seine ou sur les sites méditerranéens comme la baie de Marseille.
En 2019, la veille de l’Ifremer sur les polluants émergents s’est élargie grâce à une approche utilisant des instruments de haute technologie qui permettent une analyse non ciblée, sur des milliers de molécules, dans chaque échantillon.