Stock du bar en Mer du Nord-Manche-Mer Celtique - Décryptage du dernier avis du CIEM
Le CIEM (Conseil international pour l’exploration de la mer) a rendu le 29 juin un nouvel avis sur le stock de bars en Mer du Nord-Manche-Mer Celtique, dit stock du nord. L’an dernier, l’absence de tout prélèvement en 2018 était recommandée. Après révision, il est maintenant considéré que des prélèvements totaux de 880 tonnes, en 2018, seraient compatibles avec l’approche de précaution et de rendement maximum durable. De plus, le CIEM recommande que les prélèvements totaux ne devraient pas dépasser 1789 tonnes pour 2019.
Synthèse :
Le diagnostic du stock de bar de Mer du Nord-Manche-Mer Celtique, comme la plupart des diagnostics des ressources halieutiques européennes, est effectué sous l’égide du CIEM (Conseil international pour l’exploration de la mer), organisation intergouvernementale dont la France fait partie. A ce titre, les chercheurs de l’Ifremer contribuent à l’évaluation de ces ressources, avec leurs homologues des pays membres du CIEM, avec les données de tous les pays concernés par ce stock.
Révision à la baisse des prélèvements de la pêche récréative de 2016, mais forte diminution de la biomasse du stock confirmée
Les évaluations des ressources requièrent des données sur l’ensemble des prélèvements effectués, qu’ils le soient par la pêche commerciale ou la pêche récréative. Si les données de la pêche commerciale sont facilement disponibles (via les livres de bord, les ventes…), il n’en est pas de même pour la pêche récréative.
Dans l’avis du CIEM de juin 2018 sur le stock du nord pour le bar, l’estimation des prélèvements de la pêche récréative pour 2016 a été corrigée par rapport à celle utilisée l'an dernier. En effet, l’estimation avancée l’an dernier sur la base d’enquêtes incomplètes et largement extrapolées a été abandonnée compte tenu de très fortes incertitudes. Le CIEM a donc fait le choix, en l’absence d’enquêtes suffisantes de revenir à la méthodologie qui était appliquée les années précédentes et qui avait pour base le taux de prélèvement estimé en 2012.
Ce taux s’appuie sur une série d’enquêtes menées entre 2009 et 2012 (sur le terrain et par téléphone) conjointement en France (par un institut de sondage), en Angleterre, aux Pays-Bas et en Belgique. Résultat : une estimation des prélèvements de la pêche récréative de l’ordre de 9% du prélèvement par rapport à la biomasse du stock. Pour tenir compte des mesures de gestion récentes limitant le nombre de bars pêchés (bag limit, qui est la limitation du nombre de prises journalières en 2016-2017, et no kill, soit l'obligation de relâcher les prises en 2018), ce dernier taux a été ajusté à la baisse dans les années récentes : 3% en 2016-2017 et 1,5% en 2018.
D'autres données ont été révisées ou ajoutées. L'ensemble de ces modifications a conduit à une révision du diagnostic. Ainsi, le stock est considéré maintenant être exploité à un niveau inférieur à celui permettant le rendement maximum durable (voir définition ci-dessous). Pour autant, la tendance à la baisse de la biomasse est inchangée et la valeur estimée pour 2017 reste la plus faible de la série historique.
Définition du rendement maximal durable (RMD, en anglais Maximum sustainable yield – MSY) : c'est la plus grande quantité de captures que l’on peut extraire d’un stock halieutique à long terme et en moyenne, dans les conditions environnementales existantes, sans affecter significativement le processus de reproduction (définition FAO).
Processus d’expertise du CIEM et rôle dans la politique des quotas de pêche
Les groupes de travail internationaux d’experts du CIEM évaluent l’état des ressources exploitées (abondance, structure démographique, répartition géographique) et la pression par pêche à laquelle elles sont soumises (effort de pêche déployé par flottille, par saison et par zone) à partir de différentes sources d’information : déclaration des captures par les navires de pêche ou enquêtes pour la pêche récréative, indices d’abondance issus des campagnes de navires de recherche océanographique, et progrès de la connaissance des populations d’espèces ciblées. Pour un stock donné, le principal résultat de l’évaluation est l’estimation de la biomasse des adultes reproducteurs et du taux de mortalité dû à la pêche. Cette analyse est complétée par des projections, réalisées grâce à des outils de calcul et pouvant simuler l’impact de scénarios de gestion. Les résultats des groupes de travail sont synthétisés par le comité d’avis scientifique du CIEM, qui les valide et formule des recommandations de gestion afin d’assurer la pérennité des stocks.
Après réception des recommandations formulées par le CIEM, la Commission européenne saisit son propre comité d’avis (le Comité scientifique, technique et économique des pêches, CSTEP), qui intègre des informations d’ordre technique et économique. La Commission européenne élabore ensuite des propositions de quotas qui sont présentés en fin d’année au conseil des Ministres des pêches.